Quelques suggestions pour la vie du lycée.

I. Avant-propos.

Sans doute certaines de ces propositions vous paraîtront naïves ou du moins utopistes. Il va de soi que je n’ai pas d’expérience en lycée même si ce dernier ne m’est pas du tout inconnu du moins comme lieu de vie et déjà comme lieu de souvenir. Par ailleurs j’ai toujours eu de bonnes relations avec la jeunesse et j’ai déjà été confronté à des problèmes d’animation. Ce n’est donc pas seulement en tant que sociologue mais aussi en tant qu’ ancien lycéen si vous voulez que j’espère pouvoir vous intéresser.

2. L’accueil.

Je ne sais pas si cela existe, mais je me demande s’il ne serait pas judicieux qu’une sorte de quatre pages soit distribué à la rentrée ou placardé dans les classes et qui stipulerait un peu les règles de bonne vie au lycée ainsi que les propositions diverses d’animation. En fait ce quatre pages devrait être l’embryon d’un mini-journal qui permettrait à la fois d’informer et de dialoguer, une sorte de bi-mensuel peut-être qui accompagnerait la vie du lycée. Il serait également bon d’ insister en son sein sur la possibilité qu’aurait les élèves se sentant en difficulté de venir en parler à la personne adéquate. L’idée serait d’aplanir au départ l’aspect quelque peu « usine » du lycée en permettant à la fois de rassembler l’information éparpillée sur les panneaux et à la fois d’être la boite à lettres des suggestions et des tensions.

3. Axes d’animation.

-L’aspect extérieur.

Je crois qu’il faut faire en sorte que le lycéen se sente bien dans les locaux, et, s’il a un moment de déprime, qu’il ne s’appuie pas sur tel aspect quelque peu dégradé ou impersonnel pour en rajouter par des graffitis et autres destructions. En ce sens je suggère que tous les couloirs soient recouverts d’affiches, de posters. d’annonces, de découpe de journaux, mais aussi d’expositions photos. Et pourquoi pas imaginer que certains lycéens puissent, avec de la peinture à l’eau, décorer en permanence quelques endroits du lycée, quitte à inviter également des étudiants des beaux-arts. Ceci cependant ne pourra se faire que si les lycéens s’approprient l’établissement en ce sens qu’ils s’y sentent bien.

- Vie intérieure.

Il serait bon que régulièrement et ce par exemple à l’initiative d’un collectif lycéen-prof qui serait aussi, éventuellement, animateur du quatre pages ( et à terme du journal du lycée qui aurait aussi son site-web...), d’organiser des débats ( y compris avec des entrepreneurs, des recteurs d’université... ) des expos et aussi des concours (récompensés par divers sponsorings ) sur des thèmes donnés et en relation avec les autres lycées avoisinants. mais aussi dans toute la France, l’Europe, et, par le Net, dans le monde entier.
L'idée de créer un club multimédia avec radio vidéo, connexion avec les autres lycées via internet peut être un objectif majeur.
L’intérêt de ce genre d’animation consisterait à considérer que le lycée n’est pas seulement un acteur social qui transmet du savoir mais aussi qui en crée. Non seulement transmetteur mais aussi émetteur.
Emetteur actif donc. Y compris par cette idée cruciale stipulant que certains exercices qui doivent être fait à la maison seraient également susceptibles d’être objets de concours récompensés ( y compris les concours blanc d’ailleurs ). Car il n’est pas besoin d’être un clerc avisé pour savoir que certains n’arrivent pas à se concentrer sur leurs devoirs et ce pour diverses raisons. Le fait d’insérer les exercices dans une pratique ludique permettrait d’apporter une motivation supplémentaire pour certains, surtout ceux qui sont très influencés par la vie extérieure du lycée.
Dans l’ensemble il apparaît que le lycée n’est pas à l’écart du monde mais bel et bien un acteur dynamique. Ainsi il serait bon que lors de la remise de prix aux divers concours le jury soit aussi composé de gens « connus » et/ou qui recueillent l’assentiment des lycéens (et aussi des profs).

En gros donc le lycée n’est pas seulement un lieu où l’on réceptionne de l’information mais aussi un lieu où l’on apprend à la créer, à forger du sens. L’important est de montrer que même si en apparence ce qui est appris ne semble pas être opérationnel immédiatement, l’information acquise peut néanmoins servir à animer cette activité de plus en plus « économique » qu’est l’échange le partage l’exploration des divers savoirs.
Il n’est pas par exemple déraisonnable de penser que certains lycéens des classes de langue puissent interviewer tel chanteur d’un groupe musical anglais ( et qui serait filmé par le club vidéo puis envoyé sur le site web ou mis sur cd-rom ) ou que des lycéens en classe scientifique ou économique puissent animer un débat ( idem ). Bien sûr le «top » en la matière serait que ce genre d’activités qui va de l’interview à l’exposé d’un «topo» soient homologués dans le travail à faire...

En conclusion, l’idée transversale à ces diverses suggestions ne consiste pas à pallier aux divers problèmes sociaux et psychosociologiques qui trament la vie en société et déjà la vie au lycée. Ou de tenter de faire de l’animation grand-papa pour colmater les brèches.

L’idée-force suggérée ici tente de promulguer que le lycée peut être un élément de cohésion sociale dynamique qui crée en permanence sa propre insertion en multipliant les contacts, en permettant que beaucoup de participants, qu’ils soient physiquement présents ou non aux diverses activités, puissent tisser des relations avec lycéens et professeurs susceptibles d’apporter à tout un chacun ce supplément d’âme si nécessaire pour vivre harmonieusement dans la Cité, et ce malgré le pire.

1998

LSO