Arafat soutient Sharon
Malgré les apparences, il n'est peut-être pas si invraisemblable que cela de penser qu'Arafat, en permettant la poursuite des attentats effectués par ses proches, en ne désarmant pas le Hamas et le Djihad, ne veut pas de paix. Tout comme Sharon.
Il est en effet plus facile pour Arafat de se comporter en "martyr" que de creuser des puits, construire des écoles, apporter la prospérité à une Palestine libérée. En attendant plus et mieux, peu à peu.
Comme l'ont noté nombre de commentateurs, Arafat peut en effet d'abord se battre pour qu'Israël stoppe son protectionnisme et donc accepte une équité économique en cessant de taxer et de confiner la production palestinienne. Il peut expliquer au monde entier qu'il n'existe pas d'Etat solide sans une économie prospère et que dans ce cas la politique économique israélienne est inadéquate avec cette perspective.
Tout indique que cette bataille politico-économique gagnée, les investissements étrangers arriveraient en masse comme ils commençaient à le faire il y a deux ans lorsque l'aéroport de Gaza fonctionnait et que des industriels libanais s'intéressaient de plus en plus à cette perspective. Or Arafat, à l'époque, au lieu de jouer cette carte a préféré le jusqu'auboutisme guerrier méprisant la paix qu'apporte le commerce et les échanges multiformes.
Arafat a choisi de "khoméniser" et de "talibaniser" les palestiniens. C'est-à-dire de diriger toute leur énergie de vie vers la guerre.
Non pas la guerre psychique intérieure contre la corruption permanente des solutions faciles. Mais la petite guerre extérieure entre égoïsmes qui fit que Mohamed excédé par son neveu Ali l'envoya guerroyer ailleurs, en Afrique du Nord, hélas! pour les tribus berbères divisées.
Ainsi Arafat a choisi son camp. Mais, en même temps, dans Israël même, certains, les assassins de Rabin, jouent toujours un terrible va-tout alors que ce sont, eux aussi, des déçus de la modernité, ceux-là mêmes qui ont imposé Jérusalem au lieu de Tel Aviv comme capitale, qui refusent que le repos du samedi soit vécu en âme et conscience. C'est d'ailleurs ce que reprochaient Jésus aux Pharisiens de son temps....
Il aurait été pourtant possible de continuer à jouer la judaïté moderne au lieu de se réfugier dans un "originel" qui ne peut pas être imposé en niant l'Histoire s'étant déroulée depuis lors. Celle-ci spécifie en effet bien que Jérusalem doit rester ville sainte, certes, mais ouverte aux trois religions du Livre. Et aucune, devant l'Histoire, celle des hommes, n'a le droit d'imposer sa vision uniforme.
La dérive d'Israël s'est accentuée lorsque l'assassin de Rabin a pu continuer de porter sa kippa. Il aurait fallu un jugement religieux qui le lui interdise car non seulement c'est un comble qu'un juif tue un autre juif mais le fasse sous le couvert de Dieu, cela devient un blasphème. Dieu, d'après la Genèse, n'a levé la main ni sur Adam ni sur Eve, voire Cain, bien qu'ils lui aient menti...
Qu'en sera-t-il maintenant ?
Au dire de tout observateur sérieux jamais un dirigeant israélien n'a été aussi loin que Barak dans les concessions, (grâce à Clinton également) même si d'après Pérès il n'avait pas la manière. Mais fallait-il, en plus, qu'il s'humilie en acceptant qu'Arafat nie l'existence du Mont du Temple à la grande stupéfaction d'Elie Wiesel ? Ou qu'il accepte que reviennent, sur le champ, les trois millions d'exilés palestiniens alors que les centaines de milliers de juifs qui ont fui les pays arabes, ( sans parler des Pieds Noirs d'Algérie), avaient, eux, tout abandonné ?
Certains disent aussi que Israël "n'a qu'à " partir des territoires occupés depuis 1967 et tout s'arrêtera. Est-ce si sûr ? Ce n'est pas l'avis du Hamas ou du Djihad. Et puis pourquoi poser une telle politique exclusive en préalable? N'est-ce pas un prétexte? On ne peut tout de même faire fi des habitants juifs, dûment installés depuis 35 ans, et quil serait tout autant barbare dexpulser et de toute façon quasi impossible à faire, du moins pacifiquement, tant la détermination des implantés est dense.
Ne serait-il pas plutôt plus judicieux de négocier avec eux le fait quils doivent payer une taxe foncière et certains impôts locaux à la future Administration palestinienne, et que des palestiniens puissent également s'y installer ?
Pourquoi n'existe-t-il pas de solution rationnelle et uniquement passionnelle ? A moins que certains responsables extrémistes palestiniens refusent le fait juif en tant que tel, tout en disant le contraire officiellement pour continuer à toucher les subsides onuséens et européens.Tandis que leurs pendants exacts juifs continuent de refuser mordicus le fait palestinien et poussent à une guettoïsation finale.
Il serait temps que les préposés aveugles et morbides de" la Cause" arrivent à admettre que les dirigeants actuels vont précisément contre les intérêts des deux peuples en roulant pour le compte d'idéologues anti-modernes se servant du religieux et du nationalisme comme ultimes armes fatales.