Irak, économie, islamisme, l'aveuglement, en France, se porte bien
Commençons par l'Irak: dans Le Figaro du 29 octobre 2003, l'envoyé spécial à Bagdad ne se contente pas de relever systématiquement tout ce qui ne va pas en matière de sécurité et de recueillir uniquement les griefs des irakiens qu'il interviewe, il propose sa solution:
"Si, quitte à les purger de leurs criminels de guerre, les Américains avaient conservé les structures de sécurité de l'époque de Saddam, il leur aurait été très facile de les réactiver à leur service. Ne serait-ce qu'en doublant les salaires de ces fonctionnaires irakiens (...)".
Relevons tout d'abord les "il aurait été très facile", et "quitte à les purger de leurs criminels de guerre" qui donnent seulement l'avant goût d'un "article" non pas arrogant (parce qu'il faut avoir les moyens pour l'être), mais imbu d'une outrecuidance telle, qu'elle n'est pas sans rappeler la cuistrerie de la feu aristocratie déchue qui continuait à se moquer de tout, comme si elle se croyait encore Gardienne des Apparences à la Galerie des Glaces, ne pouvant cependant, aujourd'hui, que mordre la poussière avec ses petits coups de pattes, sans griffes.
Mais revenons au fait. Indépendamment des erreurs qui ont pu être commises (et qui n'en accomplit pas ? ) il faut tout de même se demander comment il aurait été possible de "purger" sans savoir "qui" ? Par ailleurs, il semble bien que l'ONU avait recruté des anciens membres des services secrets baasistes, avec le succès que l'on sait...
Enfin, il n'est pas besoin d'être grand reporter pour observer que dans un pays totalitaire il existe des polices et que la plus équipée, la plus entraînée, la plus nombreuse, est celle de l'ombre. Or celle-ci, au fur et à mesure, se transforme en groupe politico-mafieux brassant des intérêts colossaux. Tandis que l'autre police, celle des quartiers, joue plutôt le rôle d'indicateur et d'agent de la circulation.
L'Irak ne fait pas exception. Et il n'est pas étonnant que lors du dernier attentat, plusieurs commissariats aient été visés, les sbires de "Oussadam" (puisque la fusion se fait sur le terrain), cherchant à menacer ceux qui devraient justement se substituer aux américains "le plus vite possible" selon la formule quai d'orsayiste consacrée.
Mais il y a encore mieux dans la "liberté de blâmer" façon Le Figaro. Dans un autre article, celui, cette fois, du correspondant à Washington, (et toujours le même jour), il n'y a pas une ligne qui ne suppute pas que les attentats seraient plutôt le fait d'une hypothétique résistance irakienne et non pas le produit concomitant de l'action baasiste et alkaidaiste.
Ainsi lorsqu'il est question des baasites, le journaliste s'empresse d'ajouter "tenus pour responsables du chaos", ou encore en mettant entre guillemets la notion "terroristes étrangers", le tout en supputant un effet d'engrenage qu'entraînerait cette dite résistance en écrivant par exemple que pour les américains il s'agirait de savoir "comment briser la résistance avant qu'elle n'enrôle de plus larges segments de la population ", et avant que cette "spirale" ne se solde " assez vite par l'évacuation sans gloire d'un pays laissé à ses démons".
Rien de moins.
Mais ce genre de raisonnement reste logique avec l'idée stipulant que cette résistance serait due à d'authentiques patriotes, sauf que celle-ci est strictement fausse, même si, il est vrai, et Times Magazine en a parlé dans son numéro du 20 octobre, des ressentiments et des griefs existent lorsque des bavures et des énervements se produisent. Mais de là à organiser des attentats...
Manifester, envoyer des pierres, certes, s'insérer dans un processus d'assassinats sans aucune autre perspective que de servir les tyrans d'antan, il y a là un saut logique difficilement recevable.
Pourtant Le Figaro saute, et à pieds joints, avec même un pied de nez disant "piece of cake" à propos des questions de sécurité (entièrement résolues en Corse et dans les banlieues parisiennes et lyonnaises comme tout le monde le sait); sans se rendre compte se faisant que cette irréalité alimente par son parti pris, sa mauvaise foi, tout un camp du refus prêt à s'allier avec le diable plutôt que d'admettre que la démocratie, même libérale, est préférable à cette immense réserve indienne qu'est devenue le monde dit "arabe" par la faute, exclusive, de ces dirigeants et de leurs alliés quai d'orsayistes et autres adorateurs de Lawrence d'Arabie.
Pour preuve d'ailleurs de cette fuite en avant, qui voit maintenant coude à coude gauchistes, altermondialistes, ex-gaullistes, l'invitation à divers forums de cet islamiste bon tein, M. Ramadan, qui considère que défendre l'existence d'Israël et sa politique actuelle reviendrait à être "communautariste", le tout sans dire un mot dans la manière dont M. Arafat refuse de faire désarmer les vrais communautaristes palestiniens exigeant non seulement le retour aux frontières de 1967, mais la disparition d'Israël, (de plus en plus souhaitée paraît-il à Paris et à Londres, certains cercles rêvant à une Palestine dans laquelle la minorité juive regagnerait sa place qu'elle n'aurait jamais dû quitter...).
Mais les altermondialistes, MM. Mammère et Cassan en tête, préfèrent décrier les appels à la prudence proférés pourtant par des antilibéraux avérés comme MM Mélanchon et Dray, en considérant que "l'affaire Ramadan" est au fond une tactique visant à "détourner l'attention du vrai sujet : l'antilibéralisme", comme si l'islamisme professé par M. Ramadan et consorts était une alternative crédible, un autre monde en effet, mais si autre, qu'il en vient à laisser entrevoir enfin qu'en fait le combat altermondialiste est un combat "religieux" d'un certain côté en ce sens qu'il obligerait à un mode de vie plus conforme à certains idéaux, ce qui ne serait pas illégitime s'il ne s'agissait pas de l'imposer à tous.
On comprend dans ce cas cette alliance de plus en plus visible entre le noyau pseudorousseauiste à tendance Herbertiste, sans culottes and Co (léninistes, bakouniniens...) voyant en chaque recherche de confort un "besoin artificiel" et la mouvance illuministe islamisante récusant le bas-monde au profit d'une vérité éternelle et définitive se percevant seulement cependant au fond de la mort, un peu comme ce fou dans Tintin et le Lotus bleu qui demande à tout le monde s'ils veulent "connaître la Vérité" en les poursuivant avec un cimeterre...
L'aveuglement ne s'arrête pas là.
Il prend également ses quartiers en économie où il est de bon ton de décrier la notion de "déclin" mise en avant par Nicolas Baverez en objectant, comme le fait Alain Duhamel et avec lui maintenant l'INSEE, que la France va bien mieux qu'il y a "20 ans". Mais, dans ce cas, elle va aussi bien mieux qu'il y a 50 ans, cent ans...
Le problème n'est pas là, mais dans la comparaison à établir à un moment donné du temps entre la France et ses voisins et/ou Etats de même stature. La concomitance entre variables ne peut s'établir qu'à partir d'un élément à expliquer, en l'occurrence l'Etat actuel de la France, et non pas seulement en fonction d'une projection récurrente et reconstruite de ces mêmes variables perçues dans ce cas uniquement dans leurs variations dans le temps alors qu'il s'agit d'observer pourquoi ces mêmes variables oscillent de manière régressive chez nous et d'une manière bien plus progressive chez les autres.
En conclusion sur ce point, tant qu'il ne sera pas admis que la réforme de l'Etat en France signifie la possibilité de drainer bien plus d'argent vers le bien commun que maintenant, et ce afin de financer les tâches diverses de solidarité et de régulation, on ne comprendra pas que ce projet authentiquement et uniquement "social", lui, nécessite dans ce cas de réduire et de réorganiser le poids des charges, ce qui aurait pour résultat d'augmenter l'investissement, la réduction des dettes, l'augmentation des bénéfices et donc de la rentrée d'impôts.
Ainsi, en permettant à ce que chaque salarié choisisse (obligatoirement) sa sécurité sociale (comme pour les travailleurs frontaliers), lui octroyant même un tiers que paye habituellement son employeur, un autre tiers étant versé à un Fonds Social intergénérationnel, le dernier tiers disparaissant, nous verrions une responsabilisation et une concurrence permettre, du moins à moyen terme, de poser le problème de la solidarité sous un angle qui serait soucieux à la fois d'efficacité et de bien commun, puisque la réduction des coûts et le redémarrage de l'économie qui s'en suivrait alimenteraient les caisses de la Collectivité.
Car de deux choses l'une : soit l'on dit que rien ne viendra de l'effort en interne et qu'il faut plutôt attendre le redémarrage du commerce mondial, ce qui est toujours conjoncturel et surtout conjectural (d'autant plus en l'absence d'une régulation mondiale que refusent conjointement les Etats conservateurs, sur ce point, dont la France et les USA- et la majorité des altermondialistes), soit l'on se dit que de toute façon redémarrage ou pas, il faut être prêt au coup de pistolet et non pas attendre qu'il se fasse entendre pour commencer à s'entraîner.
C'est pourtant ce qui se passe depuis au moins vingt ans où à chaque fois les périodes d'embellies servent uniquement à renforcer les corporatismes au lieu de chercher à muscler la France afin que la prospérité soit mieux partagée.
C'est d'ailleurs cela le réel message du libéralisme, au-delà de ses variantes si caricaturées par ceux-là mêmes qui ont intérêt à préserver le status quo actuel, comme il est possible de l'observer en lisant le Goncourt (non dit) habituel : le rapport de la Cour des Comptes...qui doit tant faire rire dans certains boudoirs où il est bon ton de pourfendre les "inégalités" et, bien sûr, le "libéralisme" ultra ou néo selon le coach du moment.
France, encore un effort pour l'aveuglement total ! Mais faudra-t-il dire "aveugle" ou "mal voyant", là est la (seule) question.
Pendant ce temps, Byzance ...
*