Contre le boycott des universités israéliennes !
La justification avancée présuppose que la cause essentielle des attentats serait la politique du gouvernement israélien. Plus strictement, les attentats, actuels, auraient comme origine la volonté du gouvernement israélien de s'engager dans une autre voie que celle des accords d'Oslo.
C'est non seulement faux, mensonger, c'est, aussi, et, surtout, sans doute, manipulateur.
C'est faux parce que l'origine de la violation des accords d'Oslo ne vient pas du gouvernement israélien qui était travailliste à l'époque où les attentats, en série, ont redémarré en redoublant d'ardeur.
C'est mensonger parce qu'il est gommé de l'analyse par les boycotteurs le fait que le durcissement, actuel, du gouvernement, conservateur, israélien, est, pour l'essentiel, la conséquence, directe, de la politique menée par certains dirigeants palestiniens qui ont voulu arracher la réalisation finale des accords d'Oslo par la force, préférant ainsi le tout tout de suite, le tout ou rien, à la politique des petits pas, indispensable en diplomatie, et, surtout, nécessaire lorsque l'on connaît un tant soit peu l'Histoire, suite à la Shoah, du peuple juif, ne serait-ce qu'en ayant vu le film Exodus.
C'est enfin manipulateur parce que tout est dit, et à juste titre, sur les extrémistes juifs qui ont tué Rabin, qui ont couvert les massacres au Liban, qui rêvent à un retour, insensé, aux origines d'un supposé âge d'or, mais rien n'est dit sur la volonté des Hamas et autre pseudo Djihad, Brigades, de profiter d'une cause nationale pour détruire, à travers Israël, la société moderne fondée sur les libertés de penser et d'entreprendre, puisque, pour eux, tout ce qui les représenterait, ne serait-ce qu'une discothèque, est innommable, insupportable, et doit être détruit.
Or, à l'instar d'un José Bové, les auteurs du boycott, utilisent l'amalgame et le manichéisme en guise d'analyse, objective. MM Levy-Leblond (Le Monde du 7 janvier), Balibar, Baudrillard, etc, favorisent cette cécité, volontaire. Même si elle peut se nourrir d'indignation pour une part légitime. Sauf que celle-là relèverait d'un tout autre débat, qu'il n'est cependant pas possible d'amorcer dans le cadre d'un boycott ravalant Israël au rang de l'Afrique du Sud à l'époque de l'Apartheid.
Le mur, mental, qui se renforce sous nos yeux, et avec l'aide des boycotteurs, ne date pas d'hier mais du refus, lui aussi systématique, d'accepter le droit d'Israël à l'existence.
Dire le contraire c'est encore une fois mentir ou s'illusionner. Car en refusant une reconnaissance mutuelle, progressive, les boycotteurs ne font que renforcer l'extrémisme juif, et, surtout, se comportent, en réalité, comme les compagnons de route du nouveau totalitarisme en marche puisque les extrémistes de l'autre bord n'ont que faire d'un Etat palestinien libre et démocratique. Ils ne se battent pas pour lui. Mais pour faire de cette terre un néant à l'instar de l'Afghanistan, duquel surgirait une société uniquement tournée vers la guerre puisque tout serait interdit à part elle.
Est-ce à cette espèce, là, de société pré-démocratique, frugale et guerrière, que rêvent les intellectuels, français, à la recherche d'une nouvelle Mecque, depuis que Moscou a disparu?
Dans ce cas Garaudy, au fond, n'aura fait que leur montrer la voie en fusionnant, corps et âme, avec elle. Peut-être est-il encore temps que l'Université, française, fille des Lumières, ne s'enfonce pas dans une telle nuit, qui ne mènera qu'à plus de morts.