Esquisse Quelques aperçus d'un lien aux animaux aux plantes à la nature en général

Il n'est pas si étonnant de pressentir que les animaux et les plantes mai aussi les minéraux ne sont pas seulement des réserves d'énergies mais aussi les permanences sensibles de nos formes antérieures, du moins si nous acceptons l'explication stipulant que l'embryon pour devenir foetus passe par tous les stades de l'évolution . Peut-être reste-t-il alors quelques résidus de leurs formes vivantes dans nos cellules qui nous interpellent ou du moins nous donnent cette impression diffuse de perpétuer leur destin ?

Il ne s'agirait cependant pas seulement d'une connexion physiologique comme l'absorption nécessaire des métaux par la respiration et la nourriture, ni de l'emploi des mêmes fonctions sensitives comme l'a montré Darwin en comparant les émotions humaines et animales par exemple.

Il s'agirait déjà du déploiement du même souci de développement et de connaissance de son environnement. Lorsque la fourmi, le chien, sont sans arrêt en mouvement, il ne s'agit pas seulement de recherche de nourriture mais d'un sentiment de curiosité justifiant le désir de vivre : la fourmi furète sans cesse pour montrer à l'ensemble fourmilière qu'elle porte la brindille supplémentaire en vue de la sauvegarde du groupe. Le chien renifle sans cesse pour décoder les odeurs des congénères et lire ainsi leurs histoires, ce qu'ils deviennent. Ils ne sont pas seulement dans la reproduction, mais leur création est cependant limitée.

Il s'agirait alors d'imaginer autre chose, une hypothèse certes hardie et qui spéculerait que lorsque nous agissons, y compris seulement dans une pensée, l'animal viendrait en nous en ce sens que nous formerions aussi l'apparence de l' animal le plus capable de supporter la pensée mise en forme. Voilà peut-être pourquoi la sagesse hindoux par le yoga en dessine la géométrie.

Mais la sagesse populaire n'en est pas si loin lorsqu'elle traite quelqu'un de vautour, de crocodile, de renard, de hyiène ou de lion. Sauf que dans notre hypothèse nous dirons que la pensée pour s'asseoir dans son contenu a besoin de se calfeutrer empathiquement, phénotypiquement, tel le caméléon, dans la forme même de tel humain référence mais aussi de tel animal afin d' y saisir, d'être, son objet.

L'animal en nous atteint ainsi par l'humain le côté créatif qu'il ne pouvait posséder du fait de son déficit en traitement neuronal et en tri des informations, d'où le surcroît de sensations fortes, d'émotions triomphantes et grisantes.

Prenons pour illustrer cette affirmation l'acte de nourriture, mais aussi le besoin de voir les plantes, de s'y calfeutrer, de les offrir.

Lorsque nous mangeons, il ne s'agit pas seulement me semble-t-il d'emmagasiner des métaux et de l'énergie vive que notre métabolisme exige. Il s'agit aussi de conjuguer nos états du moment avec leurs correspondances en termes de choix d'animaux à manger, de plantes à regarder, voire de paysages. Nous avons besoin vitalement de nos correspondants. On voit bien cet aspect lorsqu'il s'agit de s'abreuver symboliquement par la présence de tel tableau, livre, film, être aimé, que l'on n'a pas vu depuis longtemps.

A certains moments dans un certain état nous aurions donc besoin d'être l'animal capable de supporter le processus de pensée qui cherche son déploiement. Est-ce que cela voudrait-il pour autant que lorsque nous mangeons du lapin nous voulons rattraper notre vie mais qu'il est toujours trop tard ? La réponse me semble négative, même s'il est tentant d'établir un lien entre la prise de telle nourriture et la forme animale recherchée pour reproduire à l'intérieur de soi, la forme, l'exo-squelette psycho-physiologique adéquat pour supporter au sens littéral la forme choisie.

Par contre l'on y consomme semble-t-il la projection que l'on transfère sur l'animal. Manger du saumon, du caviar, du lièvre plutôt que du lapin n'est pas seulement affaire de goût ou d'ostentiation. Avoir aujourd'hui le dégoût de manger du poulet ou du boeuf proviendrait de notre prise de conscience devant le carnage inutile, surtout lorsqu'ils sont malades.

Il y aussi quelque chose d'autre, un peu plus inoui peut-être, mais qui viendrait parfaire cette hypothèse de la correspondance homme-nature. Il faudrait imaginer celle-ci en une espèce d'Esprit qui ne penserait pas seulement à partir de l'homme comme le croyait Hegel, mais à partir de l'ensemble immédiat de la nature voire de l'univers et qui ferait un malgré ses différences, et qui signalerait par des franchissements de barrière inter-espèces ce qui va ou ne va pas du point de vue du Tout.

Dans cette hypothèse, -qui je le conviens est difficile à admettre mais qui mériterait peut-être d'être creusée, du moins du point de vue spéculatif avant d'en faire une heuristique-, il serait admis que les virus ne seraient pas les seuls signes à l'assaut des espèces. Il n'y en aurait d'autres qui cependant s'adresseraient seulement à ceux et celles en mesure de porter un devenir créatif pour l'espèce humaine, mais aussi toutes les espèces, l'espèce humaine étant la dernière, la gardienne, des choix de l'Esprit.

Penser le tout en tant que tout signifierait dans cette hypothèse que la tempête de 99 exprimerait aussi autre chose : peut-être une "colère" devant l'état délabré de notre air urbain, devant la production sans frein de viandes inutiles, devant enfin la disparition d'espèces.

Mais s'il est possible de penser cela d'un point de vue onirique, spéculatif, il faudrait se garder de croire que les violentes moussons sont des réponses violentes de l'Esprit devant l'incurie des hommes. Tout évènement naturel, souffle, croassement ne sont pas nécessairement des signes destinaux, telle la pomme qui serait tombée selon la légende sur la tête de Newton.

Les parts d'accidents, de conjonctions circonstanciées sont probantes. Néanmoins il est possible d'imaginer sur un mode encore une fois onirique qu'il en est parfois un peu ainsi, et que dans le murmure du vent se calfeutre parfois aussi autre chose qu'un souffle physico-chimique comme le disait Proust du côté de chez Swann.

Ainsi les hurlements du Cap Horn par exemple vidangeraient aussiles ondes humaines, terrestres, et telles les âmes dans l'Enfer de Dante, elles expulseraient leurs impulsions souffreteuses et négatives.

Cette pensée est possible si et seulement si on ne prétend pas en faire autre chose qu'une spéculation, peut-être une piste, pas plus.