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Titres
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Critiques
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La maison des vivants

par Jacques Eladan


Dans l'anthologie qu'il vient de publier sous le titre Aux portes du Labyrinthe, Claude Vigée a recueilli des poèmes extraits de ses oeuvres composées entre 1939 et 1996, ainsi que quelques textes en prose d'intérêt biographique (Le dos au mur) ou théorique (Les noyaux pulsants de la poésie).l'anthologie se divise en douze portes qui désignent chacune une étape marquante de l'existence du poète: L'apprentissage de l'exil, poèmes de l'été indien, Lumière de Judée, Apprendre la nuit, etc. . . D'une porte à l'autre, le lecteur traverse les différentes contrées habitées par le poète: l'Alsace, l'Amérique, Jérusalem et retrouve en filigrane les évènements tragiques ou heureux qui ont enténébré ou illuminé ces errances. Chez Vigée, l'Histoire n'est pas présente sous une forme d'évocation événementielle, mais comme un horizon suggéré à partir duquel se déploie la parole du poète sur l'exil et la délivrance, le mal et l'espérance, le refus du néant et le choix de la vie. Sa poésie n'est pas une simple poésie de circonstance. Dans son Avant-Propos, il se définit d'ailleurs comme "un homme un peu en retrait, auteur d'une oeuvre en marge de l'actualité immédiate, un esprit voyageur qui brasse dans sa mémoire plusieurs existences simultanées. . . Je prête ma voix à un univers complexe doté d'une variété de formes et de significations". Cet aspect non circonstanciel de l'oeuvre de Vigée est renforcé par l'importance des références à la Bible, notamment à la Genèse, qui lui sont de sûres clés pour déceler la signification d'une Histoire en apparence absurde. À la fin du livre, on trouve une postface de Michèle Fink intitulée L'itinéraire spirituel de Claude Vigée dans laquelle celle-ci situe Vigée parmi les poètes de "l'énergie démoniaque" qui comme Goëthe, choisissent la vie et la positivité. La lecture de cette importante anthologie doit s'accompagner de celle de La Maison des vivants, superbe album de photos personnelles suivies de commentaires historiques et autobiographiques qui permettent de situer le poète dans l'histoire de sa famille et du judaïsme alsacien. L'oeuvre s'éclaire ainsi d'une mémoire vivante devenue source de création.


Le peintre, le poète, le sauvage
par Philippe Dagen


Avec Le Peintre, le poète, le sauvage, Philippe Dagen analyse les voies du primitivisme dans l'ensemble de l'art français alors que jusqu'à présent on ne l'évoquait qu'à propos de quelques peintres . Pour l'auteur, si le "primitivisme" - art lié aux sociétés primitives - désigne le refus, par quelques artistes, des élégances académiques et la recherche de références puis ées dans des cultures archaïques, son champ est bien plus vaste. En outre, les débuts de ce mouvement artistique en France sont bien antérieurs au début de ce siècle. Cet ouvrage, fort documenté, propose une véritable histoire culturelle du phénomène primitiviste, histoire àlaquelle ont participé, à des titres divers, romanciers, ethnographes, philosophes, critiques, poètes et peintres. Philippe Dagen ne restreint pas l'art primitif aux civilisations d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique indienne. Selon lui, le privitivisme englobe une nuée de cultures et de civilisations comme par exemple le Quattrocento, les Egyptiens ou les Indiens et son influence est diffuse sans être directe. Ainsi, Pablo Picasso ne copie pas les sculpteurs africains, il les observe et les étudie. Derain ne les copie pas davantage. "Il mêle, il combine, il essaie des mixtes et synthèses dont les dosages et compositions lui appartiennent". En revanche, les primitifs autorisent ceux qui les découvrent à prendre des libertés nouvelles. Le "droit de tout oser", que Gauguin revendiquait. "L'archaïsme se veut rupture. Dans le fauvisme, les archaïsmes sont tout à la fois de chromatisme et de graphisme. Dans le cubisme, ils touchent à la déformation des corps". D'un courant à l'autre, l'exigence première est la même: la vérité observée naïvement, sans connaissances sues par coeur. Un retour à la nature: tel est le devoir du peintre. Cette vérité autorise métamorphoses, déformations, outrances, simplifications. L'auteur conclut en rappelant que le peintre n'est véritablement peintre que quand il devient le "sauvage" idéal de Paul Gauguin, celui que Picasso nommera "exorciste".


L'Art sans Art
d'Henri Cartier-Bresson
de Jean-Pierre Montier

La photographie est pour Henri Cartier-Bresson un moyen parmi d'autres d'exercer son intelligence du monde, de créer un "imaginaire d'après nature". Cet "outil" est toujours resté en relation avec sa pratique première de la peinture et du dessin.L'art du tir à l'arc zen, auquel il se réfère, vient insérer la photographie dans un cadre symbolique original qui couronne une réflexion profonde, invalidant les distinctions propres à la culture occidentale entre discipline physique, exercice spirituel et activité artistique. Le photographe-archer devient ainsi maître de l'instant en pratiquant un art sans art. Henri Cartier-Bresson apporte son éthique au reportage, faisant du photographe le Seigneur de l'occasion, le Maître des coïncidences. Puis, les noeuds qu'il a si vivement ourdis avec le temps grâce à l'outil photographique seront patiemment renoués avec le dessin. En présentant au lecteur à la fois les peintures, les dessins et les photographies d'Henri Cartier-Bresson, L'Art sans Art d'Henri Cartier-Bresson de Jean-Pierre Montier propose un regard neuf tant sur son oeuvre que sur l'art des reporters photographes dont il se réclame.

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