La fascination populacière pour les gagneurs : Tapie, Berlusconi...

Il y a là une admiration presque animale envers cette sorte de force brute ou primaire qui s'impose médiatiquement avec ses caprices d'enfant. Qui n'a pas connu cette secrète ambivalence entre fascination et horreur vis à vis d'elle ne peut comprendre son langage qui au fond tisse aussi autour de nous nombre de relations que l'on pensait impossible. Telles ces histoires passionnelles entre des êtres que tout pourtant séparait .

L'hypothèse de travail serait alors d'y voir autre chose que la seule image du Père ou du Désir. Mais aussi et surtout la projection mimétique d'une volonté d'être, confortablement, ce que l'on veut, en dehors des consensus et des convenances. Tel l'animal non dompté le gagneur se dévoilerait comme miroir de l'envie non avouée d'avoir ce que l'on veut en y mettant le prix, surtout s'il est fou.

Car dans cette fascination, c'est aussi le jeu avec la mort et l'interdit qui installe ses quartiers. C'est la revanche de l'instant et de sa féerie sur l'opiniatreté redondante des routines.

C'est aussi une formidable demande de reconnaissance en retour. L'accolade dans le dos et le billet pourboire sont les deux mamelles du populisme intimiste. Qui rigolerait façon corps de garde avec Jospin ou Balladur, personne bien sûr. Par contre Tapie et Berlusconi ont leur chance. Tapie en rajouterait dans les questions sur la santé de mère grand et l'avenir du môme. Berlusconi s'inquiéterait du bon placement des économies et des problèmes de voisinage tout en sirotant un bon cognac, gros cigare au bec, humant les ondes enivrantes du soir et leurs ombres à la recherche de leur spectre adéquat pour le jour. Chirac n'a pas mal donné non plus dans le genre. On voit ce qu'il reste à faire à Jospin, au lieu de passer ses nerfs sur les journalistes. Quoique...La mise au pas des médias est toujours bien vue et reste l'apanage des gros bras ou des petits comme Poutine.

Pendant ce temps la populace rêve par procuration. Et attend le pain et le cirque promis.