Histoires drôles...Histoires drôles...Histoires drôles...

Histoires d-rôles ?...

Vincent Puente

Bartholomé Gratien MERTOW
1841-1909

Fils d’un trapéziste et d’une écuyère violoniste, Bartholomé Gratien Mertow vint au monde à Varsovie dans les coulisses du Grand Cirque Linoleum, juste après le numéro de sa mère. Très tôt formé aux arts du cirque, il commence une carrière remarquée de mime musical mais une précoce perte de l’ouïe due un accident alors qu’il assistait son oncle Joseph dans son numéro de pétomane abrège des débuts prometteurs. Il se tourne alors vers le dressage et fait sensation à Vienne avec ses crevettes dressées et ses écrevisses jongleuses.
Pris d’une passion pour la mer, il fonde en 1897 le Grand Cirque des Poulpes dont il anime les 26 numéros. Il meurt des suites d’un terrible accident lors des répétitions d’un sensationnel numéro de gobage d’huîtres perlières en apnée.

August Hermann LUTZEN
1816-1868

Botaniste, zoologiste et entomologiste, Lutzen est né en Bavière. De ses parents éleveurs il hérite la passion du vivant. Après de brillantes études scientifiques à Ulm, il revient à la ferme nanti d’un diplôme de médecin-vétérinaire-plombier. Ses recherches sur les formes du vivant lui permettront de créer de nouvelles fleurs grâce à des boutures complexes et originales - entre autres la célèbre Bavaria Lactis qui est à ce jour l’unique variété de rose rouge laitière qu’il considérait comme son chef-d’œuvre -. Il présenta en vain le fruit de ses croisements à plusieurs concours lors de foires prestigieuses (on considérait trop difficile la transumance des roses laitières).
Lutzen mourut juste avant d’avoir pu mener à son terme son grand projet de faire pondre à ses poules des œufs de Pâques déjà enrubannés.

Clovis MADERLIN
1897-1941

Le destin appelle Clovis Maderlin, préposé au tri postal, né à Paris, alors que s’achèvent ses “classes militaires” et que sa compagnie va quitter ses quartiers pour le front de la Somme à la fin de l’année 1917. Nullement décidé à quitter son bureau des postes militaires pour le champ de bataille, Maderlin déserte. Il traverse la méditerrannée et s’installe dans le sud marocain, dans une oasis au beau milieu du désert.
Homme méticuleux, Maderlin excelle dans les travaux de grande précision. C’est naturellement qu’il devient trieur. On lui confie d’abord le courrier puis les poids-chiches du couscous. Finalement, il devient l’unique référence d’un couscous réussi grâce à son tri intransigeant des grains de semoule. Plusieurs cheiks font appel à son savoir faire et à sa science et l’installent à prix d’or dans leur cuisine.

Maderlin fit définitivement fortune auprès d’un frère de l’émir du Koweit pour lequel il tria les grains de sables qui serviraient à faire le ciment de la superbe villa qu’il désirait faire construire. Clovis Maderlin mourut, dit-on, sans avoir appris à compter.


Claude Allègre

Toute vérité est bonne à dire

" A l'Education nationale, on ne parle pas français, on parle " ednat ". Une langue dont je connais désormais un peu du vocabulaire, mais dont je ne maîtrise pas les subtilités. Le sommet, ce sont certains cours de pédagogie des IUFM. On parle, par exemple, du " référentiel bondissant " : c'est un ballon. Dans une leçon de pédagogie, on a pu écrire qu'il faut toujours garder en cohérence le système de coordonnées personnelles avec le référentiel bondissant. Ca veut dire : en foot ou en basket, il faut savoir où est le ballon.

L.J : C'est une caricature, ou vous l'avez vraiment lu ?

C.A : Je l'ai lu. De même que j'ai lu : " Fâché de ne pouvoir exprimer ses potentialités de manière interne, Nicolas s'investit dans l'espace extérieur." Ca veut dire : Nicolas s'embête en classe, il regarde par la fenêtre. (...)

Un autre jour, on me propose de me faire visiter un atelier de " motricité rapprochée". J'étais intéressé, je me demandais ce qu'était cette nouvelle expérience.En fait, il s'agissait d'apprendre à écrire. (...).

Par exemple, pour dire qu'on va donner des cours particuliers à un élève, on dit à des parents immigrés : nous faisons participer votre fils à une classe de remédiation."

(Fayard/ Laffont, entretien avec Laurent Joffrin pages 32,33)

La prolifération des "Observatoires" de toutes sortes a fait réagir le Canard Enchaîné du 27 février qui s'est fendu d'un article désopilant. En voici quelques extraits (Lauriane Gaud) :

"(...) un bon nombre de ces observatoires font double emploi : tandis que l'un scrute "la pauvreté et l'exclusion sociale", l'autre observe attentivement "la précarité"...sous le regard bienveillant de l'Observatoire de l'action sociale, lui-même chargé d'une tripotée d'autres cellules d'observation. (...) A force d'observer, on écrit, on publie, on rapporte...

Le tout est, en principe, mis à la disposition des autorités administratives (...). Les travaux de l'Observatoire de l'emploi public doivent ainsi pouvoir éclairer ceux du Haut Conseil du secteur public. Les conclusions de l'Observatoire de la pauvreté et de l'exclusion sociale pourront alimenter celles du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale. Et l'Observatoire des finances locales livrera ses informations au...Comité des missions locales. (...).

Pour sa part, le Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire se définit ainsi : " une instance souple, aux contours en mouvement " qui "se réunit en assemblée plénière trois à quatre fois par an" pour "appréhender les différentes facettes de l'institution soclaire" et "les éclairer avec force " (...).

Si Matignon ne peut fournir au " Canard " d'éléments précis sur chacun de ces organismes, peut-il au moins lui indiquer ce qu'ils coûtent à l'Etat ? Impossible ! Pour le savoir, il faudrait que soient créés d'urgence un haut comité des conseils, un haut conseil des comités, et pourquoi pas, une commission parlementaire ? "