Vincent Puente

http://www.tellthechildrenthetruth.com/timelineani-french.htm

L'islamisme d'origine algérienne et ses présentes répercussions en France

L'interdiction d'importation d'alcool en "Algérie" opérée par les députés FLN sur proposition d'un amendement islamiste, n'est pas un accident de parcours, comme l'on peut s'en douter dans un pays où la religion, dans sa version la plus archaïque, est devenue un instrument de domination, d'humiliation, d'infantilisation.

Cette prise en otage de la liberté -d'une manière la plus hypocrite par ailleurs tant l'alcool coule à flots dans les parties fines organisées par les caciques du Pouvoir- permet néanmoins de faire un tout petit peu d'histoire afin d'observer que la puissance de l'islamisme dans ce pays n'est pas extérieure à sa structure politique; mieux encore, il en est la justification et le ciment, même si la concurrence fait rage pour le représenter, depuis les années 1980, et que les actuels dépositaires ne sont pas prêts à lâcher cette poule pétrolière aux ouailles de plus en plus misérables, alors que cette terre fut un verger béni des dieux.

Dans son livre intitulé Histoire intérieure du FLN (1954-1962), un spécialiste, Gilbert Meynier (Fayard, 2002) montre bien que derrière la vitrine occidentalisée bien mise en avant pour rassurer les soutiens de la gauche française (l'auteur le souligne p. 505), existait des tendances non seulement anti-françaises mais violemment anti-occidentales au sens anti-moderne du terme, c'est-à-dire refusant le mode de vie urbain, l'évolution des moeurs, bref, la liberté, le tout étant remis en cause, en soi, la colonisation n'étant qu'un vecteur, un effet pervers, une étape avant l'extraction finale du mal: la modernité et son visage historique: la démocratie réelle, celle qui ne s'arrête pas au bourrage des urnes.

Meynier écrit par exemple la chose suivante (pp. 220.221) :

" (...) la référence à l'islam fut une constante du discours F.L.N. Peu avant son assassinat, Chihani/Si Messaoud -(cadre influent, il fut accusé d'homosexualité et tué pour ce "prétexte" par ses frères d'armes selon Meynier p. 392)- présida une réunion à Oum khaled devant 250 personnes. Il y aurait déclaré d'un ton sans réplique : " Les Français nous ont toujours menti, ils nous ont toujours foulé aux pieds. Ils vous empêchent d'appliquer strictement les préceptes de notre religion musulmane. Ils vous apprennent à fumer et à vous saouler. Vous devez lutter avec nous pour les chasser, mais j'ai appris qu'il y avait des faux frères qui nous vendent. Je tiens à vous prévenir que toute défaillance dans ce domaine sera sanctionnée par l'égorgement."

Plus loin, et à propos de ce même Chihani, Meynier note que celui-ci (p.233) "dut, comme tant d'autres, instrumentaliser l'islam comme moyen de mobilisation. Et instrumentaliser la religion, c'est déjà avoir un rapport moderne à la religion."

Mais cette "modernité" est réduite à l'état d'une technique, elle n'a rien à voir avec une vision réellement, authentiquement, moderne, c'est-à-dire laïque.

Meynier observe qu'en règle générale (p.221) :

"L'identité globale est signifiée spontanément par la religion. Fréquentes sont les injonctions à retrouver, par le combat émancipateur, "notre dignité et notre personnalité arabo-musulmane bafouée et menacée de disparition depuis 1830." (note 287 : Bulletin intérieur de la Zone autonome d'Alger, septembre 1957 (...)". "

Meynier fait ainsi part, et à maintes reprises, de références incessantes à la religion, par exemple l'obligation de la prière et du ramadan pour un "front" prétendant oeuvrer pour un "Etat moderne" (p. 232), certains, tel "Hadj lakhdar" (p.396), aurait, selon "certaines sources, de sa main tué des gens surpris à fumer" (idem, note 43).

Plus haut dans son texte (p. 220), Meynier observe que " Krim, Ouamrane et leurs compagnons jurèrent sur le Koran, à la veille du 1er novembre". Ce qui indique que l'insurrection n'était pas principalement perçue comme une lutte de libération nationale pour certains, mais bel et bien comme l'amorce d'un "jihâd" (p.220), susceptible de rompre avec les racines occidentales qui en Afrique du Nord, remontent bien avant l'arrivée de la France et commençaient à repousser peu à peu, malgré et contre le colonialisme, puisque les gouvernants français successifs n'avait eu de cesse de séparer les "musulmans" des "français", communautarisme bien officiel celui-là, qui ne pouvait être effacé d'un revers de main comme le croyait un peu naïvement Jacques Soustelle (nous en reparlerons plus loin) et qui sans doute a nourri l'arabo-islamisme, bien qu'il ne l'ait pas créé.

Meynier observe par exemple ceci sur l'atmosphère de ces années de braise (p.220) :

"On chercherait en vain dans la thawra (insurrection) algérienne ce qui put se produire lors de la révolution irakienne de juillet 1958: des révolutionnaires brûlant en pleine rue le Koran, dans un contexte, il est vrai, radicalement différent. Il y a des situations dans lesquelles le geste du révolutionnaire s'en prend violemment aux symboles dirigeants et aux principes directeurs de la société (statues, textes sacrés, églises, châteaux...), à l'inverse de l'Algérie où la lutte était menée prioritairement contre l'étranger. (...). Ali Zamoum relate que, dans une lettre, l'expression codée pour dire que quelqu'un avait rejoint le F.L.N. put être : " il fait à présent ses prières".

Meynier cite à ce propos le livre souvenir de ce même Zamoum, disant (in Le Pays des hommes libres, p. 106) :

"A l'heure de la prière, tous debout, en rangs, avec à la tête un imam, nous formions l'image d'une communauté unie, différente et opposée à celle des chrétiens représentée par les gardiens qui nous observaient derrière la grille de la salle sans rien dire."

Meynier observe néanmoins une différence entre les textes de 1954-1955 mobilisant sur la religion et ceux de la période 1960-1962 plus tournés vers l'action politique (p. 233). Ainsi, il note que selon la région, par exemple le "Nord Constantinois", la "Kabylie", les problèmes "sont abordés sous un angle purement politique", pour la première région, et il n'existe "aucune référence religieuse" pour la seconde. Mais plus loin (p. 505) Meynier avance ceci quant à la période 1954-1958 :

"Un texte fondamental -Les Mémoire d'Amokrane- permet au lecteur européen de constater que le F.L.N. ne se réduisit pas à la frange occidentalisée qui était présentée à dessein à l'opinion internationale, et à laquelle, narcissiquement, les Français sympathisants voulurent réduire le F.L.N., à commencer, souvent, par certains porteurs de valises. Car, chez Amokrane, le 1er novembre 1954 est présenté comme l'aboutissement d'une promesse de Dieu. Pour lui, doivent régir la "révolution" des hommes se plaçant fî sabîl illâh (dans le chemin de Dieu). Il ressentait qu'un homme comme lui en était digne parce qu'il était hâfiz (mémorisateur de Koran). Et il professe dans ses Mémoires que les Algériens qui ne suivaient pas ces préceptes devaient être châtiés comme ils le méritaient; cela quelle que soit la réalité de la foi personnelle de l'auteur.

De fait, en Algérie, outre l'Aurès-Nememcha et le Sud, où l'observance religieuse était spontanée, ce fut en particulier en Kabylie que, jusqu'à la mort d'Amirouche, les colonels Mohammedi et Amrirouche firent régner un ordre islmaique rigide. Une directive de février ou mars 1957 donna pour consignes aux responsables de villages de faire respecter l'obligation de la prière pour les personnes des deux sexes au-delà de 15 ans, et de la prière collective du vendredi. Dans le prolongement de l'action des 'ulamâ, (savants de de la cléricature musulmane citadine),en kabylie toujours, le F.L.N. mena campagne contre les marabouts, voire détruisit des qubba(s) (tombeau) de mausolées de saints. Dans le Constantinois, aussi, les grands dignitaires des confréries furent menacés en raison de leurs doubles jeux et de leurs appels au calme. Certains finirent égorgés. Dans la (wilâya, région militaire) 4, aussi, les manifestations du culte maraboutique furent interdites."

Cette destruction de mausolées de saints fut d'ailleurs repris dans les années 1990 par les islamistes non FLN, -le FIS étant après tout le fils du FLN pour reprendre un adage -populaire- de l'époque-, parce qu'il s'agissait (et il s'agit toujours) de centraliser le rapport au religieux afin d'imposer une seule interprétation susceptible de servir les intérêts politiques du clan au pouvoir à ce moment là.

Meynier tempère d'ailleurs les velléités de sécularisation de la seconde période (1958-1962) pour la bonne raison que l'arabisation suit le sillage de l'islamisation avant de laisser à nouveau et pleinement la parole à celui-ci lorsqu'il a des difficultés d'implantation. Meynier relate tout d'abord ceci (pp. 221-222) :

"Ordinairement, l'arabité n'est pas distinguée de l'islamité en Algérie. Frères en communauté, et tout différents qu'ils sont des Algériens, les autres Arabes sont spontanément inclus dans l'umma et font partie de la famille. (...) Comme l'a fait remarquer Mohammed Harbi, pour un Ben Bella, le fait que des Algériens aient pu avoir une politique étrangère en Egypte ne correspondait pas vraiment à sa sensibilité. On comprend mieux le cri fameux de Ben Bella à son arrivée à Tunis en 1962 : " Nous sommes des Arabes! Des Arabes! Des Arabes!". Cri sans doute calculé (...), mais cri correspondant aussi à un vécu profond : notre islamo-arabité nous constitue. "

Plus loin (p.223) Meynier remarque:

"Tout ce qui peut démontrer la supériorité des Arabes et des musulmans y est convoqué. Et comme les Arabes et les musulmans ont été puissants il y a plusieurs siècles, le passé est naturellement exalté. D'où les incitations à venger la bataille de Poitiers, d'où aussi l'affirmation obsessionnelle de la supériorité militaire du jundiyy (combattant) algérien (...) (;) au sommet de l'appareil, (...), un moderniste comme Mouloud Kacem Naït Belkacem, cadre germanophone de la délégation F.L.N. à Bonn, ne craint pas d'assener dans ses conférences l'assertion qui lui est chère selon laquelle l'Algérie était, en 1830, une "superpuissance"."

Meynier observe quelque chose d'encore plus intéressant sur les liens entre islamisation et arabisation (p.506) :

"Quand on envisage la nécessaire arabisation, faute d'y avoir réfléchi on pense au F.L.N., chez des cadres très majoritairement francophones, spontanément à la récupération d'un arabe classique stéréotypé aussi classique que possible, renvoyant à un absolu de la dignité culturelle plus qu'à une koiné arabe moderne permettant conjointement d'assurer l'intercompréhension avec les Arabes du Machrek et d'élever le niveau des dialectes en Algérie.

Pour nombre d'Algériens formés à l'école coloniale et souffrant de ne pas maîtriser l'arabe, l'accès à l'arabe était presque revêtu d'une dimension aussi sacrée qu'une entrée en religion.

Le F.L.N. retint en définitive comme sienne l'idéologie sacro-culturaliste des 'ulamâ-. Arabisation et islamisation de la culture allèrent généralement de pair,l'arabe classique étant vu prioritairement comme la langue sacrée du message coranique. Cet arabe rêvé renvoyait en fait bien à l'identité coranique : toutes les fois que les Algériens sont perdus, ils se raccrochent à l'islam. Dans l'énonciation par la plupart des nationalistes algériens des critères de l'identité, il y eut pour l'essentiel l'islam et seulement l'islam et/ou sa variante consubstantielle en Algérie, l'arabisme."

Meynier note ainsi que plutôt d'articuler les dialectes algériens, -improprement appelés "arabe dialectal" tant leur caractère hétéroclite entremêlant les mots des diverses langues ayant fleuries en Afrique du Nord est incompréhensible pour un Saoudien par exemple-, en une composition unique qui se serait constitué aux côtés du français et du berbère (en voie actuellement de s'homogénéiser grammaticalement dans toute l'Afrique du Nord, avec des variantes et deux alphabets néanmoins), les dirigeants F.L.N ont préféré imposé une langue encore plus étrangère que ne l'était le français présent de plus en plus massivement depuis 1830, -(et puis le français ne dérive-t-il pas du latin que parlaient les ancêtres des berbères actuels, les Numides, les Gétules, par exemple St Augustin ? )-, français qui était en passe de s'affirmer au sein même de la population autochtone du fait des progrès de la scolarisation.

Meynier fait ainsi part de cette anecdote pas si étonnante que cela à vrai dire (p.506) :

"Un jeune algérien éduqué à la Zaytûna et ayant pris le chemin du Caire à la veille de la guerre crut bon, à son arrivée en Egypte, d'utiliser l'arabe classique impeccable qu'il maîtrisait parfaitement. Et, inévitablement, les Egyptiens le regardèrent comme un oiseau rare. Il ne viendrait en effet à l'idée de personne en Egypte d'avoir honte de traces dialectales égyptiennes. (...)".

Meynier note également (p. 507) :

"Il y eut souvent (..) chez nombre de cadres francisants, éclatement schizophrénique entre une sacralité qui aurait été éternellement investie par l'arabe et une modernité dont le français serait essentiellement vu comme le vecteur de choix. Cela était de nature à entraver les très réelles charges de modernité dont étaient porteurs nombre d'arabisants."

Cette façon de voir le français n'a plus cours aujourd'hui en "Algérie", mais arrêtons-nous sur ce que Meynier observe de cette "modernité" chez certains "arabisants" parce qu'elle démontre que la volonté d'islamisation par son biais n'était pas si bien perçue que cela, parmi le peuple, y compris chez les premiers concernés (p.508) :

" (...) au congrès de l'U.G.E.M.A ( Union générale des étudiants musulmans algériens) de juillet 1960, ce furent les étudiants arabisants qui votèrent, contre les francisants, pour la suppression du "M" pour "musulman" dans la dénomination du syndicat étudiant. Bref, plus généralement, nombre de cadres arabisants étaient en moyenne plus cultivés et d'une ouverture d'esprit plus ample que la plupart de leurs collègues francisants.

A l'inverse, les francisants en restaient à une logique de substitution. La culture les dérangeait parce qu'elle les remettait en cause. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'ils aient porté une responsabilité écrasante dans la manière dont ils conçurent et réalisèrent l'arabisation après l'indépendance : dans le stéréotype et la sacralité, comme pour satisfaire le sens commun du peuple ; car ce furent essentiellement des francisants qui menèrent après 1962 la politique d'arabisation."

Mais comme celle-ci ne put prendre son essor qu'en accentuant ce lien entre arabisation et islamisation, comme l'a remarqué Meynier (voir plus haut) on peut se demander dans ce cas si les plus grands partisans de l'islamisation ne venaient pas aussi d'éléments d'origine berbère soucieux d'effacer leur propre trace aussi bien que le firent leurs ancêtres lorsque ceux-ci islamisèrent leurs frères comme le note Joseph Cuoq (L'Eglise d'Afrique du Nord du II ème au XII ème siècle, Paris, Le centurion, 1984, p. 178) et les arabisèrent, en particulier via "l'afflux des Andaloux chassés d'Espagne au XVème siècle, lesquels étaient le plus souvent des berbères totalement arabisés" comme l'observe Gabriel Camps (Les Berbères, Errance, 1987, p. 138 et suivantes), celui-ci notant d'ailleurs (p. 138), que le nombre des envahisseurs arabes aux alentours du XIème siècle était similaire à celui des Vandales, voire peut-être moins, soit "cent mille les individus de sang arabe qui pénétrèrent en Afrique du Nord au XIème siècle. Les Vandales, lorsqu'ils franchirent le détroit de Gibraltar pour débarquer sur les côtes d'Afrique en mai 429, étaient au nombre de 80 000, ou le double si les chiffres de Victor de Vita ne portent que sur les hommes et les enfants de sexe mâle. (...)".

Et de nos jours l'un des éminents fondateurs, pourtant, de l'Académie Berbère, Mohand-AArav Bessaoud -(mon père, Djaffar Oulahbib, fut le secrétaire général de cette Académie jusqu'à ce que des désaccords l'en éloigna)-, a pu écrire cette chose étonnante dans la nouvelle introduction de son livre relatant les méandres et les coups fourrés du "FLN", Heureux les Martyrs qui n'ont rien vu, (Editions Berbères, 1991) et dont la première édition fut interdit par le pouvoir en 1963 (p. 11) :

"Je disais donc que, face à l'arabisme agressif et provocant de monsieur Ben Bella, toutes les voix, fortes ou faibles, du berbérisme s'étaient bâillonnées. Il était donc à prévoir que ce petit livre redonnerait l'espoir à ceux qui ne l'avaient plus et par là même susciterait l'ire des arabistes, surtout celle de notre B.B. Et cela ne manqua pas, car dès sa parution en août 1963 un mandat d'arrêt fut lancé contre moi et le livre interdit sur le territoire national. Pourquoi Ben Bella est-il aussi bête au point de confondre "islamisme" et "arabisme" ? Il devait savoir pourtant que si le premier est d'inspiration divine, le second est une création des chrétiens libanais qui voulaient -avec l'aide de la France et de l'Angleterre- affaiblir l'Islam. Il n'y a rien de plus contradictoire que l'arabisme et l'islam.(...)"

Bessaoud ajoute dans un "Avant-propos", (pp.25-26 ):

"En insistant sur l'importance et le rôle des Berbères en Afrique du Nord, leur patrie authentique, il n'est point dans notre intention de nier l'apport arabe, surtout dans le domaine culturel et spirituel, ni même de nous dresser contre l'Unité projetée. Nous estimons même qu'elle indispensable pour mieux vivre ou pour survivre. Mais nous n'admettons pas qu'elle soit limitée au seul monde arabe, lui donnant par là un caractère racial qui va à l'encontre des préceptes de notre religion. " Tous les Musulmans sont frères ", dit le Coran, tandis que le Prophète a dit : " il n'y a pas de différence entre l'Arabe et le non Arabe" et ceci, bien entendu dans le cadre de l'islam.

Si donc le socialisme est une doctrine conforme à l'esprit de l'islam, il faudrait qu'il fut unanimement adopté par les Musulmans, de Marrakech à Djakarta. Il faudrait créer non pas la R.A.U. mais l'U.R.S.I. (Union des Républiques Socialistes Islamiques). A ce moment-là, nous ne verrons pas d'inconvénients à ce que notre drapeau, ce drapeau de nos Chouhadas, se confonde avec d'autres, ni même devienne une étoile dans celui de l'Egypte ou du Pakistan."

Or, que fit le pouvoir "algérien", -par exemple Boumedienne à partir de 1965 avec son programme des "dix mille mosquées" d'une part, -(qui montèrent à quatorze mille en 1996, et sans aucun contrôle de l'Etat, voir Ahmed Ameziane Zoungari dans Regards n° 33- Mars 1998, Algérie, résistance sur le front culturel)- et, d'autre part, l'importation massive d'immams d'Egypte, de Syrie, (dont ces pays ne voulaient même pas tant ils étaient radicaux), sinon d'accentuer l'islamisation ?

Mais pourquoi faire ? En vue précisément d'arabiser et ce même pas à la façon "moderniste", c'est-à-dire sans référence à la religion comme le réclamait nous dit Meynier les "arabisants", mais en introduisant une vision salafiste (salafiyya, retour à l'islam des ancêtres précise Meynier p. 785) de l'islam, c'est ce qu’indique de son côté Cuoq lorsqu'il étudie justement ce dernier (L'Eglise d'Afrique du Nord du IIème au XIIème siècle, ibid, pp. 160-161) :

"La fin du 8 ème siècle et le début du 9 ème siècle sont dominés en Islam par la constitution des grandes écoles juridiques (madhhab), qui réglementent la vie privée et publique des musulmans. L’école qui a prévalu au Maghreb fut celle de Mâlik b. Anas (m. 795) (…).
Jusqu’alors les musulmans avaient réglé leur conduite d’après les coutumes, le sens commun et les directives orales des hommes de religion… Les relations avec les non musulmans étaient laissées au jugement de chacun. Ce n’est qu’incidemment que le droit malékite en traitait à propos des successions, des taxes personnelles (jizya), de la pureté légale, de l’aumône, des interdits alimentaires, des relations commerciales, des tribunaux, du droit de tester, etc. (20). Ces diverses dispositions, qui ont pour but premier de définir les droits de Dieu à respecter jusque dans le moindre détail, ont eu pour conséquence plus ou moins voulue de compartimenter la société en un dâr al-Islâm (espace musulman) et en un dâr al-kufr (espace d’infidélité). Il en est résulté une coexistence de pluralisme confessionnel mais non une cohabitation, qui implique plus ou moins un partage.
Bien plus, de telles mesures, les ambitions et les intérêts y poussant, ne pouvaient que susciter une ségrégation à base religieuse, et, à la limite, un refus de l’autre. (…) ».

Cuoq détaille ce que cela veut dire au quotidien (p. 164):

"Sous le prétexte d’être le plus fidèlement possible en accord avec la loi, des ’ulamâ’ tombaient dans des excès contraires à toute coexistence avec d’autres croyants. Ainsi, certains refusaient de prendre avec eux leur nourriture (25 (p. 201), Abû L-’Arab, Tabaqât, p. 146; trad. Ben Cheneb, p. 133 ; Mâliki, Riyâd, ms. 36 r., résumé par Idris dans Revue des Et. Islamiques, 1935, p. 141.) ou même de leur serrer la main, probablement par crainte de contracter une impureté légale (26, (ibid), Cadi’ Iyâd, Tarâjim, pp. 243-244 ; R. M. Speight, o.c., pp. 63-64. Le faqîh Ibn Abî Zayd était encore plus outrancier : « Si un chrétien ou un juif vous salue, écrit-il dans sa Risâla (éd. Bercher, pp. 312-313), il faut répondre seulement : ’alayka (« et sur toi » sans ajouter al-Salâm). Vous pouvez répondre aussi, car suivant une opinion c’est licite : ’alayka al-silâm (= que les pierres tombent sur toi ». Il y a un jeu de mot entre salâm et silâm".

Il ajoute (pp. 165-166):

"Al-Qâbisî, shaykh originaire de Gabés, comme l’indique son nom, n’hésite pas à prêcher la ségrégation la plus absolue dans l’école, non pour des motifs raciaux ou moraux mais pour des raisons de pureté légale, les minoritaires étant considérés comme légalement impurs. Dans un de ses rares écrits qui nous soient parvenus (30), il expose ses recommandations aux maîtres d’école. Les enfants musulmans ne doivent pas être mêlés, insistait-il, aux enfants juifs ou chrétiens. (…).
C’est une semblable mise en garde que manifeste al-Qâbisî à propos des fêtes chrétiennes auxquelles participaient des musulmans soit par amitié et sympathie soit, peut-être, en souvenir de leurs racines chrétiennes. (…)"
.

Revenons maintenant à la façon dont l'islamisation devint un vecteur non seulement d'arabisation mais d'enfermement. Qu'en était-il des femmes dans le Maquis et pendant "l'indépendance", bien avant donc l'instauration du Code de la famille (1984) qui réifia leur infantilisation d'Etat ? Meynier observe ceci (p.224) :

"Si l'on en croit Frantz Fanon, au F.L.N., "la femme pour le mariage (aurait) fait place à la femme pour l'action". En un sens ce ne fut point faux. Si ce n'est que le rôle des femmes a été médiatisé par le F.L.N. sur le mode héroïque à la face d'un public occidental progressiste heureux de vérifier que ces Algériens qui combattaient n'étaient pas des passéistes. Or les Algériennes n'ont jamais pris les armes au maquis, sinon sur des photos (...).

En réalité, les femmes ne sont pas venues au combat par recrutement systématique du F.L.N. Leur "participation s'est faite spontanément dans le feu de l'action" (Amrane Djamila, Les Femmes algériennes dans la guerre, Paris, Plon, 1991, p. 247). Parties au maquis pour apporter leur contribution à la libération de leur patrie, elles pensent, ce faisant, échapper à l'étouffoir patriarcal."

Meynier précise alors leur fonction (p. 225) :

" Sont dévolues aux femmes des tâches de ravitaillement, d'hébergement et d'entretien des combattants".

Il observe néanmoins des exceptions (p.226) :

"De fait, dans l'exceptionnel contexte citadin de guerre, il y eut à Alger une certaine égalité dans la camaraderie de combat."

Meynier ajoute cependant (ibid) :

"Mais dans les quelques cas où des Algériennes voulurent emboucher les trompettes de l'émancipation promise par la France en 1958, la réaction ne se fit pas attendre. Plusieurs furent molestées. Au moins l'une d'entre elles fut assassinée à Medea. (...).Pour le F.L.N, la France ne pouvait que vouloir entraîner les musulmanes qui avaient tout ce qui leur fallait:" Notre religion, depuis quatorze siècles, a accordé à l'homme comme à la femme le droit à la liberté, à l'instruction, au combat pour la défense de son pays" (proclamation du service d'information de la Wilaya 2 (été 1958)."

Meynier fournit également des détails piquants sur la propagande FLN en direction des femmes, par exemple celle de la Wilaya 2 citée à l'instant , qui, dit-il (p.227):

"brode anxieusement sur les Françaises sans voile, hantant les dancings et les spectacles, comme Mlles Sid Cara et Kebtani "et autres traîtresses de la religion et de la patrie (sic)" : de tels modèles pour les musulmanes ne peuvent qu'inciter " son armée (de la France, NDA) dépravée d'attaquer ton honneur, de te détourner de la participation à la libération de ton pays (...) afin d'empêcher d'assumer ta responsabilité vitale : c'est-à-dire gérer les affaires de ton foyer (...). Algériennes! Vos soeurs et vos frères vous conseillent de rejeter à sa face ces libertés trompeuses et de fournir aux militantes et militants du F.L.N. les noms des traîtresses qui espionnent et propagent la politique de l'ennemi" (S.H.A.T, 1H1636-1).

Pour parler clair, la morale sexuelle qui s'impose aux femmes est particulièrement sourcilleuse. Et sur ce chapitre, loin de contester radicalement l'ordre familial comme cela put être allégué par tels chercheurs étourdis, le F.L.N. fait pratiquement de l'émancipation un synonyme de trahison. Il récupère la culture patriarcale et la fait fonctionner en tant que substitut du père patriarcal.

En Wilâya 3, tout au moins, et en tout cas jusqu'en 1959, la vérification de la virginité des recrues mujâhidât est un préalable. Plusieurs femmes algériennes refusèrent ce contrôle humiliant qui violait leur intimité et eurent des ennuis avec la direction de la wilâya. Parmi elles des femmes encore en vie et qu'il n'est pas décent de nommer. Une militante européenne, venue du P.C.A. et de la "bataille d'Alger", refusa elle aussi mordicus cette dégradante vérification."

Plus loin (pp. 227,228) Meynier observe :

"L'A.L.N (L'armée de libération nationale, bras militaire du FLN) remplace donc le père dans la gestion du bon sexe. Elle se réserve le droit d'autoriser, ou non, le mariage auxjunud (combattants) qui en font la demande. Dans une mintaqa (zone) de la W3, en juillet 1960, "le maquisard marié sans autorisation de l'A.L.N. et à l'insu des populations sera exécuté. Si le mariage n'a pas été autorisé mais conclu conformément au droit musulman, l'intéressé sera condamné à un mois de prison puis déplacé. Les sous-officiers et officiers encourront les mêmes peines, auxquelles s'ajoutera la dégradation. (S.H.A.T., 1H1619-1). (...).

Même si, ici et là, quelques responsables s'inquiètent des répudiations excessives, le F.L.N. refuse que la France veuille, en 1959, réglementer le divorce et interdire la répudiation. (...) Le Moudjahid proteste avec indignation contre "cette nouvelle atteinte de la France à l'islamisme (sic)" (El Moudjahid, 6 juillet 1959, cité par Gadant Monique, Le Nationalisme algérien et les femmes, Paris, L'Harmattan, 1995, p. 254). " Ainsi des français, au surplus chrétiens ou de confession israélite comme l'est, paraît-il, M. Michel Debré, ont osé de propos délibéré porter atteinte au Coran, de par son essence immuable (alors que) la religion est un domaine qui relève exclusivement de la communauté des croyants." (...)".

" (...) en wilâya 3, les Mémoires de Mohamed Benyahia offrent une anthologie des recours au droit de cuissage, conjugué dans un cas avec l'égorgement des victimes, ce pour quoi il ne semble pas que l'officier coupable ait jamais été puni. Toujours en W3, un capitaine se réserva une jeunette échappée par patriotisme de son milieu protégé de Bejaia, la cloîtra et lui imposa le mariage alors qu'il était déjà marié. Mais elle finit par s'échapper. Djamila Amrane mentionne cinq cas de maquisardes qui auraient été exécutées (Les femmes algériennes dans la guerre, p. 254). En wilâya 4, si l'on en croit du moins le témoignage d'un rallié, un officier supérieur aurait égorgé sa compagne en public. Mais le fait n'a pu être recoupé ni, donc, vérifié par l'historien."

Enfin, et toujours à propos des femmes, et des moeurs, lorsque Alger fut occupé par la Wilâyya 4 en juillet 1962, alors que le FLN "implosait" observe Meynier, (mais de cela nous n'en parlerons pas, du moins ici) ce dernier remarque (p. 665) ceci :

"Les guerriers limitèrent les déplacements et ils firent la chasse aux "filles du 13 mai" auxquelles purent arbitrairement assimilées les dames non voilées. Ils inaugurèrent une pratique qui allait devenir périodiquement courante dans l'Algérie indépendante : le contrôle de la licéité des couples circulant en ville par l'exigence de la production du livret de famille."

La référence au "13 mai" (1958) est intéressante parce qu'elle souligne, en plus du début chronologique de la crise de régime en France et l'arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, cette ultime tentative du "parti de la France", comme le disait les idéologues islamistes du FLN, pour rattraper le temps perdu en s'ouvrant enfin à la population autochtone hors colons qui aspirait certes à l'autodétermination mais au sens moderne, c'est-à-dire certainement pas en direction de l'islamisation qui pointait déjà son enfermement derrière les canons du FLN avide de s'emparer d'Alger la blanche, si bien nommée tant elle se comportait comme une oie du même nom.

Jacques Soustelle, le montre bien dans son livre L'espérance trahie (Paris, éditions de l'Alma, 1962) où on le voit décrire cette période ouverte par le 13 mai 1958 à Alger, et ce bien plus en ethnologue et sociologue, -(malgré ses partis pris et l'emploi d'un vocabulaire colonial, comme celui du terme "musulman" pour désigner la population autochtone hors colons)-, qu'en "fasciste", comme d'aucuns s'empressèrent de le cataloguer du fait de ses prises de positions politiques ultérieures, favorables aux putschistes de "l'Algérie française". Ainsi, écrit-il (pp. 37-38) :

"Le soir du 16 mai, la Casbah descendit en masse sur le Forum pour ce qui devait être la première manifestation de fraternisation. Je n'ai pas vécu celle-là, mais j'en ai vu bien d'autres, et dans toute l'Algérie. Prétendre n'y voir qu'une mise en scène, une mystification, est faire preuve d'une ignorance abyssale en même temps que d'un aveugle parti pris. Les masses musulmanes, ce jour-là et les suivants, s'étaient vraiment dégelées. Mais pour les défaitistes métropolitains, l'Algérie plébiscite le F.L.N. si quelques milliers de musulmans brandissent le drapeau vert et blanc, tandis que s'il y en a dix fois plus pour crier " Vive la France! " cela ne signifie rien. Il est évident, pour quiconque connaît l'Algérie, que les fraternisations furent réelles et sincères. C'était là un fait capital, d'une signification bouleversante, car le F.L.N. déconcerté et coupé de sa base voyait son emprise sur la population se relâcher, les Européens acceptaient l'intégration avec toutes ses conséquences et les Musulmans la réclamaient.

C'est à partir de là que tout pouvait être sauvé. "

Plus loin (pp. 39-40), Soustelle décrit avec exaltation ce qu'il voit :

"A Alger et dans la Mitidja, à Oran, à Constantine, à Bône, à Tizi-Ouzou, porte parole d'une révolution qui prenait conscience d'elle-même, je présidai des rassemblements émouvants et grandioses. Européens et Musulmans accouraient ensemble à ces fêtes de la fraternité, des femmes se dévoilaient solennellement, des foules immenses brandissaient pancartes et drapeaux. " Vive l'Algérie française! Vive la République! Vive de Gaulle! " ponctuaient rituellement les discours prononcés en français, en arabe ou en berbère par des officiers, des militants, des fellagha ralliés, des femmes, dans une explosion joyeuse et confiante.

Ma hantise, pendant ces rassemblements, c'était l'attentat, la grenade lancée d'une fenêtre, le couffin de dynamite qui tue et mutile dans la foule, la rafale de mitraillette. Alors il n'y aurait pas eu seulement des morts et des blessés, mais c'est l'espérance elle-même qui eut été atteinte, peut-être mortellement. Une seule fois, à Tizi-Ouzou, une détonation sourde retentit : un harki avait laissé tomber une grenade mal accrochée à ses bretelles d'équipement. Un trou se creusa dans la foule, presque aussitôt comblé; avec un sang-froid extraordinaire, les Kabyles se tournèrent de nouveau vers l'estrade. Combien il eût été facile, pourtant, au F.L.N, de saboter le prodigieux élan humain qui soulevait alors les masses algériennes ! Facile...si le F.L.N. lui-même n'avait pas été atteint dans ses oeuvres vives. S'il n'y eut pas d'attentats, c'est parce que les chefs désorientés et les exécutants, ébranlés ou conquis, ne purent pas en organiser.

Je n'en tremblais pas moins quand, voyant des dizaines de milliers d'hommes et de femmes remplir le Forum et déborder sur le pourtour, des grappes humaines accrochées aux balcons et aux toits, j'imaginais ce que pourrait faire couler de sang la panique déclenchée par une bombe. L'absence d'attentats pendant toutes ces manifestations -où tout contrôle sérieux était évidemment impossible- administre à mon avis la preuve irréfutable que ce mouvement de fraternisation était une profonde réalité, dont les rebelles eux-mêmes subissaient l'ascendant."

A lire ainsi Soustelle, ce partisan d'une "République fédérale" (p. 21) articulant la France et ses diverses colonies et à la tête de laquelle le " Président de la Fédération aurait très bien pu être un Africain, un Malgache ou un Arabe, et personnellement cela ne m'aurait gêné en rien " (p. 23), à lire donc son témoignage, et ce au-delà des tenants et des aboutissant que nous ne traiterons pas, du moins ici, (en particulier sa polémique avec Raymond Aron qu'il s'agira d'analyser), une seule question surnage :

Pourquoi "L'Algérie" n'a-t-elle pas pu avoir le destin de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui ? Pourquoi les descendants des exilés de la Commune de Paris, les enfants de forçats, tous ces gens nés sur ce sol d'Afrique, n'aient pas eu, eux aussi, le "droit du sol" et n'aient pas pu rester en Afrique du Nord, comme citoyens à part entière, et ce même s'ils avaient toujours refusé ce statut aux populations berbérophones et à leurs cousins arabisés avant précisément ce 13 mai 1958 ? Pourquoi, encore une fois, ce qui est en passe de réussir en Afrique du Sud a, là-bas, au Nord, lamentablement échoué ?

N'est-ce pas parce qu'il existait, également, et ce au-delà de la politique ségrégationniste des gouvernements de la Métropole, une alliance machiavélique avant l'heure entre islamistes et francisants du FLN pour éliminer les colons et prendre tout bonnement leur place tout en maintenant la population "libérée" sous la double férule islamiste et arabisante au sens non pas "national" mais baasiste du terme, importée de l'étranger, une langue et une façon de se soumettre au religieux qui n'existait plus en Afrique depuis le XIV ème siècle, afin de continuer à dominer sous le masque du libérateur cachant à peine les dents longues (à rayer le parquet d'en dessous) du profiteur ? (Nous reviendrons là-dessus ailleurs).

Quelles conséquences pour la France, au-delà du fait que le "problème algérien" revient par la fenêtre alors qu'il avait été sorti par la porte des "accords d'Evian" ? Retenons, ici, seulement ceci:

Si l'islam reste conçu comme un espace devant être uniquement composé de musulmans, cette position est évidemment incompatible avec l'esprit laïc qui fonde la France depuis la fin des guerres de religion.

Or, il semble que chez certains "algériens", et faute de pouvoir le faire chez "eux", s'impose le retour d'une certaine tradition ségrégationniste elle aussi comme l'a montré plus haut Cuoq. Tradition qui fut, et qui reste au coeur du pouvoir en Afrique du Nord et à vrai dire dans tous les pays dits arabes, effaçant, sous prétexte de pureté, toute forme de modernité au profit d'une seule identité, celle d'une islamité élevée au rang de nation unique: le national-islamisme; dernier espoir, également, de la gauche communiste radicale, dernier mensonge de toute une génération d'illusionnistes qui ont volé la révolution et maintenant voyant, qu'ils meurent sans en être, veulent emporter tout le monde dans la tombe.

Certes, il existe, dans les banlieues et ailleurs, des problèmes non seulement d'intégration sociale mais spirituelle en ce sens que l'irruption des médias comme seule référence dans des familles décomposées et écartelées culturellement, alimentée en sus par un nihilisme chic mélangeant avec ardeur et ténacité voyeurisme, inceste, sexualités, en sommant d'y adhérer sous peine de ne pas paraître "ringard", "nouveaux réactionnaires", ou "intégré", ces impératifs médiatiques alimentent à l'opposé le désir de se forger dans une identité immuable interdisant l'obligation du plaisir programmé à l'aveugle au fond des solitudes et des boites à la mode.

Mais cette impasse éthique dans laquelle certains idéologues se complaisent aujourd'hui, poussant même la hardiesse jusqu'à penser l'intégrisme comme "attitude queer" parmi d'autres "variétés" possibles, ce "droit à la différence", chère également à la Nouvelle Droite qui impulse en souterrain le Front National, ne doit pas être le prétexte pour une complaisance mutilante.

Il est plutôt temps de dire, à tous, : pas en mon nom, et, surtout, pas au nom de Dieu, ultime blasphème.

*

mouvement.neomoderne@free.fr

Vincent Puente

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