Mini-jupes et antiaméricanisme

Il n’y a pas si longtemps lorsqu’une femme en mini-jupe se faisait violer, les langues perfides susurraient immédiatement de méchantes paroles, par exemple qu’elle l’avait bien cherchée, qu’elle n’aurait pas dû provoquer, qu’il n’y a pas de fumée sans feu, elle devait aimer cela «quelque part ».

Hier, il y a un an à peine, lorsque les Etats-Unis ont subi l’innommable, d’autres langues, plus perfides encore, répandirent sur un ton sans appel que les Etats-Unis n’avaient subi que ce qu’ils méritaient, qu’ils l’avaient bien cherché, que leur richesse ne viendrait uniquement que de leur domination mondiale. Et cela se raconte encore –en ajoutant une histoire de pétrole comme cause majeure- lorsque les USA somment Saddam Hussein de laisser tomber son rêve de grandeur retrouvée par la menace nucléaire et chimique.

Les caciques hurlent à la provocation en oubliant un fait essentiel. On peut reprocher beaucoup de choses aux USA et c’est sain car la critique est salutaire. Mais pas vraiment la gabegie et les tueries en Algérie, le sous-développement dans la plupart des pays arabes, la famine en Corée du Nord, dans certains pays africains. Autant de pays qui subissent moins la dictature des firmes multinationales que celles de régimes sanguinaires et totalement gangrenés par la corruption.

Ben Laden et Saddam Hussein ne tentent pas vraiment de se battre au nom des pauvres et pour instaurer plus de démocratie et de justice sur la planète, mais plutôt en vue de tenter de restaurer une grandeur perdue. Et comment ? Est-ce en s’ouvrant à la modernité comme ont su le faire les pays d’Asie, et aujourd’hui ceux de l’Est ? Non. Les immenses ressources des pays arabes, issues du pétrole et du gaz, ont bien plus rempli les casinos de Monaco, les caisses des plus grands couturiers, bijoutiers, voituriers, courtisanes, sans oublier les suites royales louées à l’année dans les plus somptueux hôtels, que rempli le ventre et les cerveaux d’une jeunesse avide de vivre et qui dépitée semble persuader que la faute unique en revient aux pays qui permettent de telles dépenses.

Et Ben Laden et Saddam Hussein tentent de surfer sur ce mécontentement pour non pas rendre au peuple son dû mais pour s’accaparer cet argent si inutilement dépensé en vue de construire des armes terrifiantes susceptibles d’ériger le grand Califat. L’enjeu est là. Non ailleurs. Et surtout pas dans l’idée que Ben Laden et Saddam Hussein seraient les « produits » de la pauvreté crées par les USA. Ce conte pour idiots veut masquer que ces deux individus n’ont pas pour perspective de développer les pays pauvres mais les asservir, les agglomérer sous un unique joug.

Ces temps-ci d’aucuns se répandent dans les médias pour dénoncer la volonté des USA qui menacerait Saddam pour s’emparer, en sous-main, du pétrole irakien. Cette affirmation est absurde. Le pétrole ne manque pas de par le monde, L’Arabie Saoudite en regorge, et elle est loin d’être déstabilisée par les hommes de Ben Laden (mais devra à terme faire le ménage chez elle et surtout se démocratiser). De plus les USA viennent d’engager des sommes importantes dans le génie génétique pour fabriquer du carburant biologique.

Dans ces conditions ceux qui vocifèrent devant la paille dans l’œil américain veulent voiler l’immense poutre nucléaire et chimique plantée dans le désert irakien, enfouie dans quelques mystérieux laboratoires, et dont les maîtres veulent jouer leur ultime va-tout : la montée aux extrêmes.
Si Saddam entrave le travail des inspecteurs de l'ONU dont il vient de permettre le retour, il est clair qu’il donnera le feu vert pour une intervention qui sera légitimée par la Communauté internationale. L’Arabie Saoudite, qui sent le vent tourner, a déclaré, à la suite il est vrai de la Jordanie et de l'Egypte, qu’elle ne s’opposerait pas à l’utilisation de ses bases en cas de mandat onusien.

Il est temps de faire comprendre aux adorateurs du nouveau totalitarisme en marche qu’il n’est pas possible de laisser s’armer un nouvel Hitler comme si rien ne s’était passé dans l’Histoire récente de l’Humanité.
Lutter pour le développement et contre les injustices ne doit pas signifier qu’il faille se jeter dans les bras d’un dictateur ou lui porter secours par haine de l'Amérique (comme l'on fait les trois députés de l'UMP). Il ne faut pas non plus laisser faire à sa guise une quelconque méta puissance. Il s'agit plutôt de renforcer une gouvernance mondiale capable de lutter pour le meilleur et non pour la propagation du pire.

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