Des Tueurs et du Jeu


L’écrivain Umberto Eco - si mes souvenirs sont exacts - a écrit dans un article que la seule chose qui protégeait encore le monde d’une unification de la pègre mondiale - d’une super-mafia en quelque sorte - résidait dans le fait qu’aucune des grandes organisations criminelles internationales n’était capable de surmonter cette barrière infranchissable qui s’appelle la langue. Au delà même des traditions et des références qui naturellement séparent, parfois opposent, un homme d’honneur sicilien d’un membre d’une triade de Hong-Kong, le crime organisé international semble aujourd’hui être le dernier “groupe socio-professionnel” à rester prisonnier de la Tour de Babel.

Ainsi donc, c’est le langage qui protégerait le monde d’une Internationale du Crime qui regrouperait la mafia américano-sicilienne, les boxers chinois, les triades du Triangle d’or et le grand banditisme russe né de l’effondrement du bloc communiste.

Si la barrière de la langue - et, certes, quelques divers intérêts que l’on peut imaginer d’ordre financier - empêchent cette unification, reste néanmoins une tradition commune : le crime.
Un rapport de la CIA, corroboré par les services spéciaux des principaux pays occidentaux, semble néanmoins établir que, depuis une dizaine d’années, toutes ces organisations ont lié des liens entre-elles. Rien de bien étonnant à cela si ce n’est que ce rapport fait également état d’un lien particulier qui n’est ni d’ordre financier, ni d’ordre politique. Il s’agit d’un lien que ce rapport qualifie tout au plus de “sportif” et dont le but serait en quelque sorte couronner le meilleur tueur à gages du moment.

Chacune de ces organisations criminelles aurait une sorte de champion qui défendrait ses couleurs. Un organisme tiers aurait publiquement désigné une victime afin que chacun des champions puisse l’identifier sans aucun doute.
Bien que l’on ne soit pas à même d’apporter des preuves tangibles quand à ces suppositions, le rapport conclut par dire qu’à ce jour, le concours n’aurait pas encore trouvé son vainqueur : l’écrivain britannique Salman Rushdie est toujours en vie.

Vincent Puente.