Appât du gain et capitalisme

Jean-Paul Fitoussi se trompe lorsqu'il écrit (le Monde daté du 13 septembre) que Max Weber (avec Adam Smith et Schumpeter) voyait "l'appât du gain " comme "seule motivation" des "entrepreneurs". Au contraire Max Weber distinguait l'appât du gain du capitalisme :

“ (…) La “ soif d’acquérir ”, la “ recherche du profit ”, de l’argent, de la plus grande quantité d’argent possible, n’ont en eux-mêmes rien à voir avec le capitalisme. Garçons de cafés, médecins, cochers, artistes, cocottes, fonctionnaires vénaux, soldats, voleurs, croisés, piliers de tripots, mendiants, tous peuvent être possédés de cette même soif –comme ont pu l’être ou l’ont été des gens de conditions variées à toutes les époques et en tout lieu, partout où existent ou ont existé d’une façon quelconque les conditions objectives de cet état de choses. Dans les manuels d’histoire de la civilisation à l’usage des classes enfantines on devrait enseigner à renoncer à cette image naïve. L’avidité d’un gain sans limite n’implique en rien le capitalisme, bien moins encore son “ esprit ”. (…)". (Max Weber, 1905, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris,1964, Plon, pp. 14-15 ).

Weber ajoute: " (...) (Ce) qui fait le caractère spécifique du capitalisme –du moins de mon point de vue- (c’est) l’organisation rationnelle du travail(…)", (ibid., note 1 pp. 15-16.).

Il est dommage que les auteurs (classiques ou pas) soient, si souvent, superficiellement lus.