Les coréennes se débrident les yeux, les jeunes africain(es) éclaircissent leur peau et se font les cheveux blonds
Il est assez poignant de repérer ce travail interne des corps urbains à personnifier parfois leur désir de fusion, ce souci par exemple des jeunes noirs et nords africains de se teindre les cheveux en blond, les coréennes se débrider les yeux, les africaines s'éclaircir la peau, toute une volonté non pas de se nier mais d'afficher, en plus, une appartenance symbolique à une civilisation qui apporte du bien à la femme, au jeune, ce tatouage s'effectuant y compris dans ses signes les plus archétypiques : encore un effort et certains d'entre-eux s'appelleront Lucien, comme dans Amélie Poulain, au lieu de se nommer Momo, les intégristes des prénoms au magasine Inrockuptible vont s'énerver ( voir inflexions en Juin...).
Mais au fait pourquoi être blond, s'éclaircir la peau ?
Et pourquoi pas ? Cultiver l'identité c'est aussi intégrer celle de l'autre, ou du moins en absorber une part, ce qui ne veut pas dire afficher la même apparence empaquetée sous naphtaline comme le voudraient les nouveaux purificateurs au goût paternaliste : le noir danse et chante mais ne présente surtout pas le 20 heures et reste noir bien sûr, et le petit Blanc manifestera pour qu'il le reste et mange son maïs bien pur, comme là-bas à Ouagadoudou.
Certes le danger de se perdre, d'imploser, existe, enfoui sous les décombres des "plateformes" diverses, toutes ces lances de rampement qui se disputent le sordide sous aphorismes. Mais le pire, même s'il est toujours sûr, n'est pas nécessairement contagieux, il peut être confiné, ce n'est qu'une passade : qui n'a pas eu ses moments d'extase vitrifiant l'espace dans le temps d'une passion impossible ?
Je vois ce gamin hier, veille de la rentrée des classes, teint tout blond, habillé hyper sport flashy et fluide froufroutant et qui en balançant ses sacs avaient ce regard inquiet : and now what next ?