Saillies

L'attentat anti-américain comme spectaculaire nihiliste. L'enfer de l'intégrisme politico-mafieux à l'OLP,la cécité israëlienne

La dérive totalitaire de certains Verts français et du leader de la Confédération paysanne

Les coréennes se débrident les yeux, les jeunes africain(es) éclaircissent leur peau et se font les cheveux blonds

Loft Story, suite et fin

Pour un boycott généralisé des pays non démocratiques

L'Europe, la nouvelle Venise

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L'attentat anti-américain comme spectaculaire nihiliste. L'enfer de l'intégrisme politico-mafieux à l'OLP et la cécité israëlienne


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L'attentat anti-américain est conforme au schéma plastique défini par Blanchot : "il ne faut pas peindre le meurtre de César, il faut être Brutus " ( 1955, l'espace littéraire, ed gallimard, p 284 ). De même : " si Marx avait suivi ses rêves de jeunesse et écrit les plus beaux romans du monde, il eût enchanté le monde, mais ne l'eût pas ébranlé. " L'attentat est spectaculaire en ce sens là : il s'agit de frapper les esprits en oeuvrant au sein même de la matière historique pour devenir Brutus.

La mise en scène du nihilisme d'aujourd'hui s'inscrit tout entier dans cette perspective. Il ne faut donc pas y voir une piste uniquement islamiste mais anti-moderne dont les commanditaires puisent aussi leurs sources symboliques dans les courants nihilistes issus de la dégénérescence du léninisme.

De ce fait l’attentat multiple aux USA du 11 septembre 2001 n’intervient pas contre la politique de soutien à Israël mais contre la société moderne dont les USA sont l’emblème.
La preuve ? Je l'avais déjà souligné il y a quelques semaines : l'attentat à la discothèque de Tel Aviv n'était pas seulement l'expression exacerbée de désespérés plus ou moins manipulés pour certains d'entre-eux mais aussi et surtout le signe d'un totalitarisme en marche qui interdirait toute discothèque, même palestinienne.

Les masques sont tombés.

Enfin it's now necessary to close the Paradise door.

Ben Laden said in the recent interview that if he will be killed he'll go directly to the right of the God. It's not true : he don't go in the Paradis but in the Hell. It's the same futur for all the volontarees kamikases : the sky of God is closed for them. For ever."

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L' OLP voudrait faire comme le Hezbollah libanais : faire pression sur Israël pour que celui-ci quitte les territoires occupés. Mais le Liban n'est pas la Palestine. Les Juifs ne peuvent pas céder car se seraient pour eux renier 5000 ans d'Histoire et cracher sur les tombes de toute la Diaspora. Cela Arafat ne le comprend pas, pas plus que certains histrions français à la mode.

S'il avait joué une autre carte, celle de la politique des petits pas en se battant déjà pour que Israël accepte un réel partenariat économique au lieu de surtaxer les produits palestiniens, Arafat aurait montré à la face du monde que l'Etat palestinien est viable et qu'il lui faut des frontières sûres et reconnues.

Une autre carte pouvait aussi être jouée s'agissant cette fois des colonies. Pourquoi ne pas négocier le fait que celles-ci passent sous juridiction fiscale palestinienne à 50% ? L'idéal serait d'ailleurs que les juridictions judiciaires passent sous contrôle mutuel. Car le principe, idéal je le répète, serait le suivant, du moins uniquement aux niveaux judiciaires et fiscales puisque le niveau politique doit rester distinct : tout le monde, juifs et palestiniens, peut s'installer où il veut, en Israël y compris, à partir du moment où les niveaux juridiques fiscaux et politiques ne se confondent pas et sont sous juridiction à la fois distincte sur certaines questions et conjointe sur d'autres.

Ainsi un palestinien peut s'installer à Tel Aviv, du moins dans la mesure où il répondrait uniquement pour sa protection sociale et son caractère de citoyen du système palestinien, tandis que du point de vue judiciaire, policier, il répondrait du contrôle conjoint. Cela ne se ferait pas en un jour ni même en dix mille, mais l'idée que Palestine-Israël devienne à terme une micro Union Européenne n'est pas si chimérique que cela malgré quelques rechutes à l'irlandaise, à la basque, toujours possible.

Enfin la question de Jérusalem pourrait se solutionner comme suit : deux capitales se font face avec une neutralité pour les Lieux Saints. Ou alors Jérusalem n'est pas une capitale politique mais économico-culturelle. Ce qui implique que cela soit Tel Aviv qui le devienne pour les Israéliens et une ville à inventer pour les palestiniens. Ou, enfin, Jérusalem Est devient la capitale palestinienne avec protection internationale sur les Trois Lieux Saints, et Tel Aviv la capitale israélienne.

Cette dernière position demanderait un gros sacrifice pour les juifs israéliens. Mais en même temps indiquerait qu'ils ne rêvent pas à la Palestine de la Bible mais celle d'aujourd'hui. Les esprits n'en sont pas encore là.

Peut-être qu'il vaudrait mieux dans ce cas les deux capitales dans Jérusalem ? Peut-être que ces deux peuples pourraient s'orienter vers une disposition territoriale multijuridictionnelle afin d'éviter enfin les dérives d'un autre âge ? Celles qui n'ont que faire des palestiniens et des juifs mais veulent seulement le chaos pour vivre enfin un 17 islamique, talmudiste : intégriste en un mot, histoire de créer sur mesure le monde irréel sans femmes et sans corps, sans économie, sans art et sans sport, le tout quadrillé par la mort et souillé par des tonnes de non sens comme on le voit s'opérer par les blasphémateurs Talibans qui ne méritent même plus de prononcer un nom sacré comme "Dieu".

Comment osent-ils ? Comment tous ses prétendus adorateurs osent-ils répandre la misère et la mort en Son Nom ? C'est inconcevable, inadmissible, la malédiction viendra sur eux, en temps et en heure et elle sera terrible.

La dérive totalitaire de certains Verts français et du leader de la Confédération paysanne

Juste un mot : je ne savais pas que les Corses menaient une lutte de libération nationale comme les vietnamiens et les algériens. Quelque chose m'a sans doute échappé. Mais je n'ai pas entendu parler de torturés corses, d'exécutés corses, de camp de concentration corses. Pour l'instant un Préfet manque à l'appel et les intégristes pseudo-nationalistes s'entretuent voilà ce que j'ai appris.

Pour le reste, j'observe en passant que l'Esprit de la République Française, issue de la fête de la Fédération du 14 juillet 1789, -et non de la fête de la prise de la Bastille, est toujours mal compris alors qu'il est clair et net que l'Etat, vu de cet Esprit, réunit les nations en son sein ( voir plus loin sur "l'Europe la nouvelle Venise"). Il est cette synthèse qui se tisse à partir de principes et du désir de vivre ensemble qui peut en effet être validé par référendum le cas échéant pour éviter l'accusation jacobine. Les points de vue ethnique et d'antécédent territorial ne correspondent donc pas à l'Histoire moderne française.

La profession de foi du candidat officiel des Verts sur la question Corse démontre en fait et une fois de plus le degré zéro de sa réflexion politique hors des niaiseries et autres fadèses. Mamère vient de marquer un point en s'y opposant, lui qui pourtant n'arrêtait pas de donner des gages à cette "culture gauchiste" qu'il vilipende maintenant...

Il en est de même pour les prétendus défenseurs du Sud qui ferait mieux d'appeler au boycott des Etats non démocratiques plutôt que de professer des idioties et propager l'obscurantisme alors que le dernier rapport du PNUD ( http://www.undp.org/hdr2001/) montre bien qu'une bio-technologie contrôlée permettrait de mieux lutter contre la famine et les épidémies.

Que les firmes mondiales fassent du profit avec, on ne voit d'ailleurs guère comment elles pourraient vendre à perte, ne veut pas dire qu'il faille les laisser monopoliser des semences et vendre de l'humain en pièces détachées. Ceux qui s'en inquiètent le font cependant à juste titre et c'est bien pour cela qu'il faut des institutions mondiales fortes. Mais ils ne devraient pas écouter ceux qui en profitent (justement...) pour agiter les épouvantails léninistes et/ou anarchistes habituels sur la cause unique du mal sur Terre alors que leur seul objectif est de bien faire pire, comme tout le monde vit lorsque le mur de Berlin, deux siècles après 1789, s'effondra.

Il faut d'ailleurs souligner sur ce point l'excellent article de François Ewald et Dominique Lecourt dans le Monde daté du 4 septembre critiquant vivement les " nouveaux vandales", Bové and co...

( Voir aussi le point plus bas sur le boycott...)

Les coréennes se débrident les yeux, les jeunes africain(es) éclaircissent leur peau et se font les cheveux blonds

Il est assez poignant de repérer ce travail interne des corps urbains à personnifier parfois leur désir de fusion, ce souci par exemple des jeunes noirs et nords africains de se teindre les cheveux en blond, les coréennes se débrider les yeux, les africaines s'éclaircir la peau, toute une volonté non pas de se nier mais d'afficher, en plus, une appartenance symbolique à une civilisation qui apporte du bien à la femme, au jeune, ce tatouage s'effectuant y compris dans ses signes les plus archétypiques : encore un effort et certains d'entre-eux s'appelleront Lucien, comme dans Amélie Poulain, au lieu de se nommer Momo, les intégristes des prénoms au magasine Inrockuptible vont s'énerver ( voir inflexions en Juin...).

Mais au fait pourquoi être blond, s'éclaircir la peau ?

Et pourquoi pas ? Cultiver l'identité c'est aussi intégrer celle de l'autre, ou du moins en absorber une part, ce qui ne veut pas dire afficher la même apparence empaquetée sous naphtaline comme le voudraient les nouveaux purificateurs au goût paternaliste : le noir danse et chante mais ne présente surtout pas le 20 heures et reste noir bien sûr, et le petit Blanc manifestera pour qu'il le reste et mange son maïs bien pur, comme là-bas à Ouagadoudou.

Certes le danger de se perdre, d'imploser, existe, enfoui sous les décombres des "plateformes" diverses, toutes ces lances de rampement qui se disputent le sordide sous aphorismes. Mais le pire, même s'il est toujours sûr, n'est pas nécessairement contagieux, il peut être confiné, ce n'est qu'une passade : qui n'a pas eu ses moments d'extase vitrifiant l'espace dans le temps d'une passion impossible ?

Je vois ce gamin hier, veille de la rentrée des classes, teint tout blond, habillé hyper sport flashy et fluide froufroutant et qui en balançant ses sacs avaient ce regard inquiet : and now what next ?

Loft Story, suite et fin

Certains jeunes éléments des sociétés techno-urbaines préfèrent s'imbiber de comportements venant d'autres jeunes un peu plus vieux,plutôt que ceux venant de leur propres parents qu'ils peuvent trop trouver"ringard" parce qu'ils sont hors champ. Voilà ce qu'il serait aussi possible de lire dans le feu engouement du Loft.

Mais ce qui se jouait était cependant moins semble-t-il une ingurgitation de modèles à vif, qu'une charcuterie symbolique coagulant les imaginaires en fuite. Comment "Steeve"allait-il se tenir ? Sait-il que des millions d'haletants recroquevillés sont sous la toile et sont en quête d'un geste, d'un rien, quête du temps mort, lorsque les corps soufflent et le disent entre-eux dans des confidences d'entre-deux figures ?

Comment tuer le temps qui passe ? Comment s'en faire un costume à la mode ? Chaque instant est un vêtement de lumière, dis-lui, toi, que je t'aime ; c'est cette ambivalence, animale, de l'attraction qui met au défi la répulsion : celle des regards de cinq heures du mat lorsque le monde se refait devant les visages défaits, les espoirs vident leur sac,s'échangent des conseils des scoubidous des roudoudous tous ces trucs aspirines, sparadraps, rustine sur ta cervelle,tu fais comment toi si je te plaque ?...N'oublie pas de fermer la porte de mon coeur en sortant.

Loft comme miroir. Clone invisible des parents pouvant enfin voir leurs enfants de l'intérieur. Condensé des couvertures de magazines, double de notre désir mis à l'ombre, il vient s'afficher sur l'écran adolescent à la recherche de points de comparaison. D'une cabine d'essayage, salle de casting, le ventre plat vaut au moins bac+5, sinon plus, surtout dans les tv en papier que sont certains journaux à scandales.

Pour un boycott généralisé des pays non démocratiques

En fait nous ne serons jamais saturés de confort et du soulagement de la souffrance et de la peine, c’est ce qu’il faudrait aussi écrire sur des banderoles aux réunions du G8 au lieu de se contenter de prétendre défendre le Sud contre le Nord en empêchant le développement des échanges, en refusant en réalité le développement économique du Sud et donc sa prospérité.
Car la lutte de certains contre l’existence même des instances internationales comme l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI revient à cela.
Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas réformer ces dernières en profondeur.
Certes, Il est de bon ton de prétexter ce refus par une protection du Sud contre « l’horreur économique», « l’enfer capitaliste » . Et il est alors loisible dans le Nord, repu et confortable où même les pauvres ont un pouvoir d’achat bien supérieur leurs semblables du Sud, d’imaginer un retour à un supposé âge d’or des sociétés ou plutôt des communautés agraires où il faisait toujours bon vivre, vivant ainsi ce fantasme par population interposée.

Ainsi le Sud servirait de matière première symbolique à toute une frange d’utopistes passéistes, à gauche comme à droite, opposant communauté et société, oubliant leur propre moyen-âge lorsque les serfs, devenus vilains, fuyaient la monotonie et la disette des campagnes pour aller vers la technique et vers la ville.
Aujourd’hui au lieu d’aménager celles-ci, la reconstitution fanstamagorique d’un Sud aseptisé de toute contamination industrielle viendra hanter la haine des nouveaux petits Blancs du Nord.
C’est-à-dire tous ceux qui économiquement, intellectuellement, artistiquement, sont en perte de vitesse, - petits épiciers, petits industriels, paysans soixante huitard, profs de banlieue, profusion à foison des avocats, acteurs, écrivains, journalistes, médecins. Ce ne sont plus les notables d’antan qui suscitaient l’admiration. Celle-ci va plutôt maintenant aux nouvelles catégories sociales de la production de masse en passant par les médias, le sport, la musique, et l’ingénierie internationale multiforme.

Dépitées, les catégories sociales ainsi dépassées sont les plus remontées contre « la mondialisation libérale ». Elles hantent tout le spectre de l’échiquier politique en agitant de plus en plus et sans honte un réel néo-colonialisme réactionnaire qui, identiquement à l’ancien, veut empêcher l’accès au développement des populations du Sud, tout en le maquillant bien entendu par divers « soucis », tout en pensant surtout à leur place.

Or ce qu’il faudrait, réellement, pour le Sud ne peut se résumer à demander l’annulation de la dette, ce n’est pas elle qui empêche en priorité le développement mais l’absence de libertés de penser et d’action, bref, d’industries matérielles et immatérielles.

Maintenir le Sud dans la seule dépendance du secours charitable donne bien entendu bonne conscience à ces nouveaux petits blancs qui se croient politiquement à gauche mais refusent, dans les faits, le développement industriel du Sud, rejoignant ainsi ceux qui marqués à l’extrême droite sont bien plus clairs en affirmant qu’il vaut mieux aider la « Corrèze que le Zambèze ».
Car même ce cautère de « l’aide » ne sert à rien s’il ne s’accompagne pas de réformes structurelles. Il permet seulement à la corruption locale de se perpétuer puisque l’argent prété puis donné se trouve toujours accaparé par les gangs militaro-mafieux au pouvoir, soutenu en sous-main par les dirigeants des puissances du Nord peu intéressés eux aussi de voir un Sud se développer et donc concurrencer ceux qui les élisent.

Le meilleur soutien au Sud serait de combattre le protectionnisme du Nord qui encourage en fait les dictatures à se tourner uniquement vers la vente des matières premières. Les populations du Sud n’en voient d’ailleurs pas la couleur. Et elles restent confinées dans leurs bidonvilles. Car l’absence de développement industriel n’empêche pas l’exode rural. Au grand dam de ceux qui, gavés, et bien installés au Nord, malgré leur déclin statutaire et culturel, empêchent en fait le passage du Sud à l’ère industrielle et aujourd’hui techno-urbaine en militant contre son intégration dans le système économique mondial.
Puisque lutter contre l’existence même de ce dernier revient à cela. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas réguler en profondeur ce dernier.

L’autre moyen d’aider le Sud serait d’appeler au boycott des Etats non démocratiques, -pas uniquement au sens du bulletin de vote, mais des libertés de penser et d’entreprendre-, en refusant de leur acheter leur pétrole et leur gaz.

Nous pourrions d’ailleurs profiter de cette contrainte pour développer enfin le moteur à hydrogène, la pile à combustible et un nuclaire propre puisqu’il en existe un, contrairement aux rumeurs de ceux-là mêmes qui veulent empêcher le Sud d’atteindre la prospérité du Nord en mettant en avant sa pollution.
Or celle-ci, maîtrisée, est bien plus préférable que la famine chronique et l’absence de moyens minimum de vie. Surtout lorsque l’on habite à quinze dans une pièce de 10 m2, que l’on se relaye pour dormir, que l’on mange à peine pour survivre, sans travail et sans instruction, sans autre distraction qu’un peu de foot, de dominos, et de bavardages au café comme on le voit en Algérie.

Mais de cette réalité au quotidien, ces nouveaux petits Blancs déclassés que Houellbecq incarne jusqu'au trognon n’en n’ont cure. Puisqu’ils profitent encore largement du capitalisme dont la dynamique ne vient pas d’un « pillage du Sud » comme certains illettrés le proclament, -on ne voit d’ailleurs pas comment la hi-tech par exemple en serait le résultat-, mais justement des libertés, durement conquises, du penser et de l’action qui, certes, sont inégalement acquises et dépendent pour une large part du degré de compétence possédé. Mais il n’en reste pas moins que les libertés de penser et d’entreprendre sont les fondamentaux mêmes de la démocratie en acte qui ne se résume pas au bulletin de vote toujours trafiqué ou idéologiquement corrompu comme il a été vu avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, élu très démocratiquement, sans aucune rumeur de fraude.

Et d’ailleurs ne faudrait-il pas admettre que l’absence de développement effectif du Sud freine la croissance mondiale puisque le Nord sur lequel elle repose voit ses marchés classiques saturés et ses marchés émergents de l’intelligence électronique balbutier ? Il est clair que le Sud manque à l’appel en Afrique et en Amérique du Sud en particulier pour élargir la base de la croissance mondiale.

Or n’y-a-t-il pas comme meilleur moyen que les libertés de penser et d’entreprendre, le tout dans le respect de soi et d’autrui, pour permettre au Sud de rejoindre le Nord et qu’ensemble ils puissent orienter l’ère techno-urbaine vers un peu plus d’humanité ?

L'Europe, la nouvelle Venise

La tâche de l'Europe, comme il est de plus en plus admis maintenant, du moins parmi les gens généreux, consiste à donner l'exemple de l'équilibre entre le défi du risque permanent et le confort des acquis. Ils ne sont certes pas systématiquement contradictoires.

Mais la volonté de dépassement, de porter haut l'assise européenne comme exemple au monde, signifie d'un côté distinguer la notion de service public de son application qui peut être privée ; de l'autre côté il s'agira également de distinguer Nations et les Etats, les seconds, unique et unifié, étant au service des premières, multiples.

Ceci implique l'existence d'un Parlement des Nations Régionales Européennes (PNRE) qui siègerait aux côtés des parlements nationaux et du Parlement Européen et pourrait jouer le rôle d'un Sénat freinant les applications lorsque celles-ci ne sont pas conformes politiquement aux intérêts des nations. Ce PNRE serait ainsi consulté par ce dernier en cas de violation des droits régionaux par les parlements nationaux.

L'Irlande du Nord, par exemple, peut être fort bien représentée par une aile protestante et une aile catholique dans ce Parlement des nations régionales. Peut-être qu'en agissant ainsi les partisans d'en découdre à jamais tenterpnt de dépasser les conflits de prestige comme celui qui est à la base de la dérive identitaire des protestants d'Irlande du Nord. Peut-être qu'en apportant une puissance symbolique supplémentaire qui nourrit l'orgueil des nations y aura-t-il un déclic ? Il en est de même au Proche Orient. Mais aussi en Turquie avec les Kurdes. En Afrique du Nord avec les Berbères. En Indonésie, au Népal...

L'Etat, lui, garantirait la puissance des nations dont il est l'outil synthétique non plus des rapports de forces comme le pensait Poulantzas mais du fond commun nécessaire à toutes les identités, qu'elles soient nationales et individuelles. Il ne peut y avoir dans ce cas un Etat Corse, Breton, Basque, mais un seul Etat qui conforte leurs droits de nations, et cet Etat c'est la France qui lui-même délègue une part de ses prérogatives dans un Etat synthétique plus fort : l'Union Européenne.

Ainsi L'Etat ne serait plus vu comme une synthèse broyant les spécificités au profit d'une seule identité ; ce fut le cas dans l'Histoire. Il n'est pas obligé de réduire le devenir de l'Etat à ce seul aspect. Une autre fondation est possible. Celle qui concilierait diversité et synthèse, protection des droits et des acquis mais aussi effort de réformes pour mieux servir le public.

Tel le serait le nouveau pari vénitien : faire en sorte que l'Europe fasse le lien entre les nations et l'Etat, l'acquis et la réforme, le droit et le devoir, l'universel le particulier et le singulier en se donnant, en donnant au monde, les institutions que l'émancipation permanente du monde demande, ou comment continuer à s'affranchir du joug de la souffrance contrainte, des inégalités d'origine : tel est le défi : perpétuel et à chaque fois idéal, unique, féerique lorsque la promesse s'accomplit et tisse la nouvelle étoffe de l'Esprit.

LSO

Juillet-Août-Septembre 2001.