Saillies

L'essence de la propriété et l'erreur communiste

Sur la révolte de la jeunesse kabyle

Loft Story et les présentatrices canadiennes dénudées

L'écologie est-elle une marque déposée ?

De nouveau la SNCF,les transports en commun, et Gaz de France

A propos du " fabuleux destin d'Amélie Poulain "

Sur une hypothèse cosmologique

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L'essence de la propriété et l'erreur communiste

Prenez deux exemples, ceux de la faillite du communisme et de l’actuelle haine antimondialiste.

Deux faits majeurs expliquent le premier qui ont, semble-t-il, échappés à l'actuelle gauche de la gauche française.

Il est impossible d’une part de centraliser toute la production parce que la demande n’est pas uniforme, -à moins de porter tous les mêmes vêtements-, et parce que cela nécessite une énorme concentration de moyens et de personnes, surtout lorsqu’il n’existe plus de division du travail établie selon les compétences.

D’autre part il est impossible d’interdire aux individus d’entreprendre, de posséder ce qu’ils réalisent, et de le léguer à leurs descendants. C’est le principe même de la liberté qui nous distingue des organismes intégralement programmés.

Qu’il existe alors des inégalités, injustices, tricheries et qu’il faille réguler, introduire une part d’esprit public pour contrebalancer les héritages divers, bien entendu.

Mais déjà l’appât du gain n’a pas attendu le capitalisme pour exister , ensuite il est vain de croire que le désir de plaire, d’être reconnu, le désir d’être cause , et tout ce que cela implique comme excès, conflits, envies, s’éteindra avec la disparition de la propriété. Puisqu'il s'agit de son essence même.

Le communisme tenait près de la moitié de la planète.

C’était amplement suffisant pour amorcer un début de société idéale.

Or il n’en a rien été, et il n’en aurait rien été, même si la terre entière était communiste car il existe des contraintes objectives incontournables : comment vivre ensemble sans s’entretuer, comment produire de manière massive et suffisamment diversifiée pour que la multiplicité des goûts s’y retrouvent ?…

Que faire de sa vie, comment aimer ?…

Aucun système, le plus idéal soit-il, ne peut répondre à ce genre de questions, sans vivre des crises, des saturations d’exigences, le désir du neuf.

Le second exemple, l’antimondialisation, est également symptomatique du refus têtu d’une part non négligeable de l’aristocratie ouvrière et de la petite bourgeoisie urbaine d’Occident de voir son assise économique et sociale être désormais concurrencée par les pays du Sud.

L’erreur stratégique de leurs élites respectives fut de ne pas préparer leurs ouailles aux exigences objectives de l’ouverture planétaire à la démocratisation et à l’extension de l’ère techno-urbaine.

Le refus de participer en tant qu’actionnaires salariés est par exemple responsable pour une part de la tragédie actuelle. Ce qui ne voulait pas dire s’auto-aliéner nécessairement puisque les syndicats se devaient de rester indépendants, eux, de la gestion, mais cela signifiait l’exigence d’un intéressement, et donc également d’un partage des responsabilités au lieu du fait accompli actuel. Par exemple le champ libre qui est laissé aux fonds de pension uniquement motivé par la rentabilité à court terme.

De plus la régulation nécessaire de tout cela n’empêche pas de poser de manière cruciale le devoir impérieux d’intégrer ce nouveau jeu mondial à partenaires multiples issus du Sud, du moins si l’on veut se battre pour conserver et faire croître sa prospérité.

Certes la globalisation au sein de la mondialisation introduit une part de dimension négative grandissante. Mais dans le cadre de la liberté d’entreprendre, -essence même de l'homme avec la liberté de penser et ce au-delà des formes historiques-, les entreprises ne peuvent survivre qu’en accomplissant des économies d’échelles et donc cherchent à réduire leurs coûts et à grandir.
Elles profitent de la demande de plus en plus énervée des grandes masses déshéritées du Sud qui veulent elles aussi un minimum vital alors qu’elles ne vivent même pas avec un Euro par jour.

Seulement il n'est guère judicieux d'énoncer que pour contrebalancer leur misère il suffirait de distribuer la richesse produite pour résoudre leur problème. Cela revient aux solutions communistes précédentes alors qu’il ne suffit pas de distribuer le poisson mais d’apprendre à le pécher, à créer des richesses, c’est cela la clé même du développement durable.

Bien sûr le rôle des instances internationales consiste de plus en plus à encourager les réformes et à ne pas se satisfaire de la réduction drastique des déficits publics s’il n’y a pas également des modifications en profondeur des facteurs de production et de développement.

Mais il n’est plus possible de croire qu’il suffit de vivre sous la perfusion des subventions ou des effacements de dettes pour atteindre la prospérité, sans réforme de structures. De même il est vain de croire qu’il suffit de dormir sur ses lauriers, ses connaissances, son métier, pour se mettre à l’abri de l’avenir. Déjà Goethe disait au 18ème siècle qu’il fallait renouveler ses connaissances tous les cinq ans…
Or loin de réfléchir en profondeur à l’ensemble de ces problèmes les principales têtes d’affiches actuelles de la classe artistico-politico-intellectuelle française, tels les borgnes au royaume des aveugles, n’ont en fait pas grand-chose d’autre à dire, à désigner, sinon d’énoncer, dénoncer, l’évidence, comme le fait de s'occuper de la veuve et de l'ophelin, de l'indigent et de l'handicapé, ce qui est tout de même la moindre des choses mais reste insuffisant pour façonner le tout d'une politique préparant l'avenir de plus en plus présent.

Sur la révolte de la jeunesse kabyle

D'après les journaux algériens " Liberté " ( http://www.liberte-algerie.com ) et " El Watan " (http://www.elwatan.com ) du lundi 30 avril, il faudrait plutôt parler des révoltes puisque se juxtaposaient jusqu'à se fondre cependant une révolte estudiantine et lycéenne et une révolte de la jeunesse déshéritée. Ainsi dans "Liberté" (du 30/04) Samia Lokmane peut-elle écrire ( p 7 ) :

" 10 H. Est-il nécessaire de décrire encore Béjaïa ce matin, le climat électrique qui y règne et la tension qui monte à l'horizon d'une journée, encore à coup sûr, explosive ? Comment peut-il en être autrement lorsque les mêmes regards sombres et fiévreux de ceux qui ont mis à sang la ville la veille, guettent l'arrivée d'une marche estudiantine pacifique pour l'enflammer. Les étudiants sont-ils à ce point crédules pour croire pouvoir contenir l'émeute qui couve dans les esprits échauffés de la meute.(...) " .

L'étonnant est en fait triple : d'une part les mobilisations distinctes de deux jeunesses, comme au fond on le voit parfois à Paris quand la "racaille" vient se fondre dans une manif lycéenne pour casser et piller. D'autre part la réaction de la journaliste qui parle de " meute " et semble ainsi, implicitement du moins, classer ces " regards sombres et fiévreux" qui " ont mis à sang la ville la veille" comme des fauves ou du moins des chiens enragés : " meute" . Le sang était pourtant plus le leur que ceux de la gendarmerie ou de " la ville "...

Il faudrait maintenant que toute l'Algérie monte, pacifiquement, sur Alger et l'assiège jusqu'à ce que le pouvoir accepte d'organiser de nouvelles élections réellement démocratiques. Certes Constantine et Oran n'ont pas bougé. Parce qu'il manque une charte commune de revendications. Voilà ce que les plus aguerris devraient proposer dans tout le pays. Car il est possible que le moment soit venu d'augmenter d'un cran la lutte contre la dictature qui bourre les urnes ( fait validé par un rapport parlementaire mis sous le boisseau ) pour se maquiller en gentille démocrate.

Il semble bien en effet que cette fois le tréfond symbolique de 54, toute cette électricité historique qui empêchait la majorité des algériens de se révolter, ne soit plus un obstacle mais un levier puissant pour bouter les parvenus cyniques et criminels. Il n'est plus possible en effet de laisser un gang, qui cache ses crocs de vampires par de belles dents légalisées, violer, blasphémer, le sang des martyrs.

Par ailleurs il faut absolument continuer à réclamer la séparation de la religion et de l'Etat. Car c'est à chaque citoyen de décider de sa relation à l'au-delà et non aux hommes. Adam et Eve ont pu quitter le paradis sans être inquiétés. L'homme n'est pas un animal et peut donc librement choisir d'aller vers la lumière ou vers l'obscur. Et même si le clair-obscur peut l'envoûter car il est au fond la voûte, celui du conflit permanent entre le bon et le mauvais, le bien et le mal, nul ne peut prétendre parler " au nom " du Plus Haut. Surtout aujourd'hui après tant de crimes effectués en son nom.

Et puis il est faux de dire que l'histoire algérienne est bâtie sur les trois seuls piliers de l'amazgherité, l'arabité, et l'islam. La chrétienneté aussi est un pilier et non des moindres.ST Augustin, ST Cyprien, ST Tertullien sont d'autant plus des piliers qu'ils ont eu leur chair façonnée de terre africaine. La France, au siècle dernier, n'a fait que réveiller une flamme qui existait bien avant la naissance de la prophétie mahométane.

De plus le français, issu du latin, est bien le descendant d'une langue parlée autrefois par les élites nord africaines et par les saints cités plus haut. Il est donc tout autant légitime sinon plus que l'arabe littéraire importée de Syrie. Et celui-ci ne peut se réclamer du sacré d'une des trois religions du Livre sous le seul prétexte que celle-ci serait aussi écrite de la même langue car l'esprit, immortel, du sacré ne se réduit pas à la lettre, périssable, qui l'a vue naître.

Par contre le parler populaire algérien non français et non amazhighe se doit d'être rassemblé en langue à part entière car il est authentiquement sang symbolique de l'histoire algérienne.

On ferait bien enfin de se demander pourquoi en Kabylie plus que dans toute l'Algérie les entrepreneurs sont empêchés d'investir puisqu'ils sont surtaxés, rakettés ; comme si le régime voulait laisser spécialement cette région dans la misère, de peur qu'en s'enrichissant le peuple s'émancipe du joug tyrannique.

En réalité il est appliqué en Algérie la recette classique des dictatures : il faut laisser le peuple à moitié affamé en permanence. Pendant tout le temps qu'il cherche sa subsistance il ne se cultive pas, il ne redresse pas la tête, il ne se révolte pas. Et quand il le fait il est trop faible pour arriver à ses fins.

Loft Story et les présentatrices canadiennes dénudées

Il semble bien que le devenir de l'apparence et de l'image ait aussi atteint en France son point le plus tendu, lorsqu'il se brise pour surgir comme il est partout ailleurs, en mille faisceaux épars, chacun dans sa perception, son silence. Et son ricanement.

Au départ de cette histoire, il y avait juste un jeu, cruel, comme le monde. Et puis maintenant la règle voyeuriste ( au sens large ) se dévoile en instance majeure, la traque s'étend et prend les téléspectateurs dans sa trame et les vise dans les tripes et leurs désirs inavoués. Vos fantasmes nous intéressent. Les corps du jeu jetés en pâture sont une matière première dépecée, par les bouchers cathodiques, en bouts de vie, lambeaux de privé, de rire. Chacun repart avec son monceau de chair folle, l'air vache.

Si l'on en parle autant, y voyant même une socialité à l'état brut, c'est que la France semblait encore épargnée du passage à l'acte. Il y avait bien dans les talk-show divers les témoignages sur les uns et les autres et les mariages en direct, mais l'auto-expérimentation d'un peep-show géant n'était pas d'actualité. Aujourd'hui c'est chose faite. Et il dévoile ce que l'on savait déjà depuis au moins vingt ans : la lente montée de la presse de charme, de la presse dite "people", puis leur déploiement partout, accompagnée comme légitimation "radicale" par la naïveté postpunk aux commandes des médias et des émissions à la mode, celle de la petite bourgeoisie urbaine blanche en fin de course idéologique depuis l'émergence du mondial et qui croit pouvoir encore choquer par la fesse et les révélations scabreuses alors qu'il s'agit toujours en fin de parcours de fric et de renommée facile comme il existe de l'easy listening.

Le danger n'est alors pas tant dans l'émergence au grand jour et à vaste échelle de cette tendance consommatrice sournoise de sexe, de malheur, et du réflexe comparatif ricanant ( "j'attends le moment où ils vont craquer" avancent certains comme justification ) spécialement développé chez les 15-34 ans avides de points de mire et de romans photos en temps réel, le danger réside dans le fait qu'elle accentue l'idée qu'il suffit d'avoir une apparence "canon" pour faire son trou dans la toile cathodique (comme c'est paraît-il l'espoir des participants) alors que souvent on s'y écrase seulement comme mouche à m... sur son écran miroir.

Dans "Loft Story", les assemblages du moment, packs de signes en consigne, s'auto-commentent leurs pensées à voix haute, comme si toute action n'était qu'affaire de technique et de meilleures faces, leur corps comme écran, le public comme référent, sésame, qui ouvrira le trésor du quart d'heure de célébrité si l'on sait bien assembler les pixels à la mode en temps et en heure. Avant que le pouce ne se dirige vers le bas.

L'hégémonie du plastique sur l'esthétique, la fascination pour les lignes parfaites, le détournement des signes, tout cela était bien entendu déjà présent dans la politique spectacle quand il suffisait d'une cravate bien assortie pour se vendre comme savonnette idéologique. Leur accentuation, leur généralisation, expriment une mentalité shizophrène où il n'est plus question de percevoir quelqu'un à partir d'une conception. Mais seulement en fonction de ce qu'il dévoile de tout à fait autre dans l'instant.

Ainsi par exemple l'important pour ce site montrant des présentratrices canadiennes commenter sérieusement l'actualité tout en se déhabillant comme si de rien n'était signifie, semble-t-il, que ce qui excite c'est surtout l'indifférence froide, technique, qui se dégage de cette association calculée entre le débit d'un dire censé exprimer des choses significatives et la frivolité fantasmatique d'un déshabillage automatique et surtout sans faille, renvoyant à son seul plastique découplé de toute autre signification hormis l'impression qui irradie, excite.

La dureté d'un réel signifié dans telle ou telle information sérieuse refroidit alors son choc émotionnel dans le bac glacé des lignes charnelles parfaitement dévoilées sans aucun problème, aucun sens. Mais le choc émotionnel devient si froid pour le coup qu'il implose, passant tout de suite au stade de la déjection précoce sans passer par la case érection. Plus l'indifférence s'affiche, plus l'excitation s'affirme, plus l'impuissance s'impose. Et ceci se passe de façon d'autant plus forte qu'elle devient compensatrice d'une impossibilité à agir.

Ce dernier aspect, celui de la compensation par la consommation rapide, convulsif et ricanante, de sexe, de violence, du malheur, est également symptomatique de cette sensation grandissante de se voir uniquement confiner dans le réel gris et pollué, tandis que le soleil semble briller à tous les étages du réel cathodique.

Dans ce cas plus on se sent oublié, perdu dans les spots urbains, plus la consommation des apparences plastiques s'amplifie. Et cette boulimie devient d'autant plus compensatrice qu'elle s'exprime également dans les dérives violentes d' une certaine jeunesse de banlieue. Ainsi on peut lire dans le Monde :" (...) Derrière la pratique des tournantes, c'est une grande misère sexuelle et affective qui se révèle. " Les garçons sont dans une logique de pure consommation sexuelle comme le montre la prédominance de la fellation et de la sodomie dans les pratiques, explique Marie-Claude Fourment, professeur de psychologie à l'université de Villetaneuse. "

En fait il s'agit moins d'y voir seulement " une logique de pure consommation sexuelle" que l'expression d'un manque de reconnaissance qui s'affirme par le plus petit dénominateur commun : la sensation d'exister dans l'absolue soumission de l'autre à ses propres desiderata. Il ne faut d'ailleurs pas oublier que chez certains singes l'obédience se souligne en présentant son postérieur au membre d'un rang supérieur. De même le phallus a toujours signifié le symbole de la puissance en acte en plus de celui de la fertilité. Dans de telles conditions, plus le sentiment d'exister décroît plus les signes de possession absolues sont recherchés pour compenser.

Ainsi plus le narcissisme s'accroît comme supplétif au manque d'être, plus l'exibitionnisme se répand, le média jouant le rôle du confessionnal, du divan, et de la galerie des Glaces. La vie dite autrefois "privée" s'étiole dans sa distinction, de telle sorte qu'il n'existe même plus l'épaisseur d'une feuille de cigarettes entre des vies interchangeables, différentes, peut-être, mais à la façon d'une combinatoire du même cube amovible.

L'opacité de la ville recherchée autrefois pour la sécurité de son indifférentiation face au village s'efface donc de plus en plus au profit du retour sournois de la rumeur mais à l'échelle du monde.

L'écologie est-elle une marque déposée ?

La réaction des Verts fait peine à voir lorsqu'ils s'offusquent que l'écologie devienne (enfin) un thème requinquant pour la moribonde classe politique française (puisqu'elle est incapable de réformer quoique ce soit hormis les indispensables améliorations de certaines conditions intolérables).

Ont-ils, ces bien nommés "verts", déposé le terme à l'officine des marques pour qu'ils prétendent être les seuls préposés à pouvoir en parler ? En quoi l'écologie serait-elle seulement définissable par le vocable " gauche " ? Cela voudrait-il dire qu'elle n'en serait qu'un prédicat de plus ?

Mais dans ce cas l'écologie serait dépendante principiellement des idéaux de gauche alors que l'écologie politique a été précisément fondée pour devenir le projet fondamental qui dépasse ( ou aufhebung : conserve et dépasse selon la traduction que fait Jean Hyppolite de ce concept hégelien ) les concepts de gauche et de droite puisqu'ils ont démontré leurs limites avec l'hyperproductivisme et l'étatisme, tout en ayant joué leur rôle historique en soulignant la nécessité de préserver l'égalité et la fraternité du lien social sans pour autant entraver plus qu'il ne faut la liberté des acteurs.

Or il y a de l'intégrisme inquiétant dans ce désir absolu d'appropriation d'un concept qu'ils se disputent d'ailleurs en interne s'auto-excluant mutuellement malgré l'unité de facade en période électorale. Un pas de plus et ils prétenderont, comme les autres avant eux, faire à tout prix le bonheur des humains, y compris s'ils le refusent.

On savait que les dits "verts", à part quelques règles de bon sens contre les excès productivistes, n'ont aucun autre programme que le refus du nucléaire, -pourtant bien utile contre l'effet de serre-, et le démantèlement de l'ère industrielle. On s'aperçoit maintenant qu'ils ont tellement peur que d'autres remplissent leur blanc programmatique qu'ils crient au loup à chaque fois que quelqu'un prétend enfin prendre l'écologie politique au sérieux.

Sans leur score électoral, refuge protestataire des deux bords, il serait étonnant que l'on puisse encore prêter attention aux "verts" français, -tenus hors de l'eau par les verts allemands tant ils sont vides et primaires-, car ils dévoilent beaucoup plus la défaillance réformatrice et innovatrice de la classe politique française, que l'expression d'une réelle avancée programmatique prenant à bras le corps les problèmes complexes de l'ère techno-urbaine arrivée aujourd'hui mondialement à maturation.

Il est temps de tourner la page pour fonder un réel mouvement d'écologie politique, héritier des meilleurs concepts de gauche et de droite et apportant enfin une régulation d'ensemble du développement, et non de se contenter d'un simulacre qui a peur de tout, même de son ombre.

De nouveau la SNCF,les transports en commun, et Gaz de France

Les usagers de la SNCF, des bus de province, et du gaz de France, payent donc les pots cassés à la place des responsables. Commençons par la SNCF.

Une anecdote tout d'abord pour bien souligner que tout n'est pas noir ou blanc. En revenant un jour d'Auxerre, telle ne fut pas ma surprise de ne voir en quise de train qu'un vieux RER crasseux à deux étages. Avec un tel matériel, il n'est guère étonnant que les cheminots et les contrôleurs aient l'impression d'être les laissés pour compte,-pendant que le TGV s'accapare tous les investissements, et que dans ce cas ils exigent des compensations statutaires pour oublier d'aussi médiocres conditions de travail.

Les exigences des contrôleurs et des chauffeurs dans les bus de province relèvent d'ailleurs du même constat. A Marseille par exemple les bus sont bondés et arrivent au compte gouttes. A Paris les horaires heures creuses sont adoptés durant le week-end et après 18 heures, ce qui n'a aucun sens à l'époque du temps libre et du tourisme de masse.

La SNCF est en déficit rétorquera-t-on et ne peut donc à la fois investir dans le TGV et dans le TER. Faux. La SNCF peut ouvrir son capital, -par exemple aux Régions pour commencer et ensuite faire comme l'industrie automobile et donc responsabiliser ses équipementiers-, afin de rénover ses TER. Ce qui draînera plus de voyageurs, et permettra de rentabiliser plus vite les lourds investissements.

Or il semble bien qu'en refusant une telle option, l'Etat et les syndicats ne font que se rejeter la patate chaude pendant que les voyageurs et les entreprises trinquent, errant sur les quais humides d'un printemps froid et pluvieux pendant que les marchandises pourrissent dans les hangars gris et sales. Si l'on veut détourner les français de leurs trains régionaux, et du fret, on ne s'y prendrait pas autrement.

Et pourtant il se trouve que des condidérations politiques majeures, comme la lutte contre la pollution et l'effet de serre, rendent nécessaire de réguler la circulation automobile. Ce qui implique de favoriser des transports alternatifs, dont le train. De ce fait, la réforme de ce mode de transport relève de plus en plus d'une impérieuse nécessité de santé publique et devient un cas de force majeure qui, lui, en effet exigerait "réquisition" ...

Il en est de même pour Gaz de France. Pourquoi ne pas ouvrir son capital et donc lui donner les moyens de réduire ses coûts au lieu d'augmenter la facture du consommateur? On se heurte encore une fois au même problème : la classe politique ne comprend pas qu'il vaut mieux des entreprises fassant des bénéfices et payant des impôts nécessaires au budget de la Nation pour financer les réformes de l'éducation de la justice et de la santé, que des entreprises déficitaires qui alimentent encore plus l'énorme déficit public. Et qu'il ne suffit plus de relativiser à quelques pour cent du PIB annuel. Car il s'agit en effet d'une dette cumulée qui ne va pas tarder à atteindre l'équivalent d'un budget plein, sécurité sociale comprise...N'oublions tout de même pas que le paiement du seul intérêt absorbe tout l'impôt des particuliers...

Nous nageons donc en plein irréalisme. Au lieu, d'une part, d'écouter les revendications des salariés qui ne sont pas toutes d'essence catégorielle, on les rabroue tout en plaquant des recettes pour les mobiliser qui sont en fait abandonnées depuis longtemps dans le privé tant elles sont infantiles. Ce qui implique que les employés se recroquevillent pour compenser sur le seul quantitatif.

D'autre part, pour des raisons purement électoralistes et d'essence idéologique, on refuse non seulement d'ouvrir le capital, mais également d'activer un actionnariat salarié au sein des entreprises publiques comme il a été accompli pourtant avec succès à France Télécom, Air France, Crédit Lyonnais...afin de motiver les employés à effectuer un service impeccable. Ce qui n'empêcherait pas les syndicats de rester indépendants et de dire ce qu'ils pensent.

Mais en France les puissants qui nous gouvernent préfèrent la rigueur idéologique à la droiture citoyenne qui ferait tout pour éviter l'inconfort et la frustration à une population de plus en plus lasse d'un tel mépris.

Il est temps que l'Etat apprenne à écouter tous les acteurs au lieu de les dresser les uns contre les autres.

A propos du " fabuleux destin d'Amélie Poulain "

Il existe certains films inexorablement imprégnés de l'atmosphère d'une époque et d'aucune autre. Les clés que ce film de Jean Pierre Jeunet procure pour renouveler la preuve d'amour comme source esthétique et éthique conjuguée, prisme et révélateur du meilleur humain, ouvrent enfin les serrures du cinéma français que l'on croyait scellées à jamais ou réduites aux tours de clés des farces et attrapes et des effets spéciaux.

Un certain cinéma sait donc encore nous émerveiller en rompant le maléfice qui avait uniquement figé la pellicule française dans le grandiloquent numérique ou le grotesque de la passion répétitive s'entêtant à trouver une issue dans l'amour uniquement physique, oubliant que même Gainsbarre avait donné raison à Gainsbourg lorsque celui-là chantait que " l'amour physique est sans issue". Du moins abandonné à la seule excitation qui ne trouve son sens que dans la répétition à la recherche de son épuisement.

Cette façon de voir résulte bien plus d'un désir, politique, d'orienter "l'extension du domaine de la lutte" vers la destruction nihiliste que du plaisir d'orienter le mouvement de vie vers le tumulte de son affinement.

Or c'est précisément le défi de ce "fabuleux destin...". Il semble effet signifier que l'approfondissement du sentiment d'exister n'a d'autre issue pour échapper à l'usure des travaux et des jours que de se tourner vers ce qui le prolonge plus encore, intérieurement et extérieurement, à savoir ce plaisir de voir sa vie ouvrir la joie d'autrui, de s'épanouir par elle en elle avec elle.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faille s'épanouir à tout prix en frissonnant frénétiquement à chaque goutte de sens et ainsi perdre le fil entre le fond et la forme, l'esthétique et l'éthique. Car le contact permanent à la magie des contes, continent privilégié de l'enfance, et terrain de prédilection de ce film, ne signifie pas que chaque instant transfiguré y est seulement un univers unique où l'aventure serait le seul miroir déformant, et où aucun autre projet que le fait de ne pas en avoir tiendrait lieu d'imaginaire et donc de réel.

La force de cette esthétique sous-jacente au film issue du dadaïsme, de l'école pataphysique, de l'oeuvre de Raymond Queneau, est justement de nous préserver de la fatalité morbide du romantisme qui a failli à sa tache malgré Rimbaud en ne repérant que le drame dans la trame vitale alors que celle-là ne cherche pas à servir la mort, mais seulement à s'en servir et dans certaines limites.

La force du conte, surtout aujourd'hui où le décompte est roi, ne réside pas semble-t-il dans le subterfurge du superlatif formel qui se surpasse certes en effervescence plastique mais oublie le lien au réel de vie qui doit toujours persister -même quand les oreilles n'ont plus de murs et que l'on voit à travers les os, le propre du conte est de porter à incandescence le secret du ruisselement de vie dans toutes les capillarités y compris les plus perfides.

Le sourire d'Amélie y réussit à merveille.

Sur une hypothèse cosmologique

L'univers serait donc passé " d'une taille microscopique à celle d'un pamplemousse " lit-on dans un article du journal le Monde de Jean-François Augereau, jusqu'à atteindre la taille toujours en expansion que l'on lui connaît aujourd'hui. Une hypothèse qui m'est chère peut expliquer ce phénomène extraordinaire et par la même occasion révéler où se cache la majeure partie de l'Univers puisque la partie visible ne représente que 20% de la matière globale.

Si nous avions un microscope électronique géant devant les yeux nous verrions que l'air, tout ce qui nous entoure, nous mêmes, sommes composés de milliards de particules. Comment les maintenir dense, compact ? Par la force de gravitation. C'est elle qui permet la perpétuation d'une telle consistance. Reprenons le pamplemousse. Donc il s'agrandit, s'élargit, mais reste pamplemousse, l'univers est courbe, il maintient ainsi une cohésion. D'où vient cette force ? Du mouvement d'élargissement lui-même. Il est à la fois centripète et centrifuge. Il s'étend et maintient à distance les éléments mêmes de cette extension. Car autrement, si tout était compact et à proximité aucun mouvement interne et donc aucune autonomie, aucune différentiation, aucune vie, déjà terrestre, ne serait possible.

On pourrait dire, peut-être, que dans ce cas chaque particule qui nous compose a besoin de son double en énergie qui la maintient dense. Ce double peut être une étoile. Ce qui veut dire qu'un combiné de particules, une molécule, devient une galaxie, un ensemble d'étoiles. Les atomes venant des vents cosmiques seraient des liens hypertextes entre ces particules qui nous composent et leurs doubles s'étendant en myriades d'étoiles formant les innombrables galaxies.

Un corps de soixante mille milliards de cellules comme le nôtre, elles-mêmes, composés de trilliards d'atomes, a besoin d'une énergie colossale pour le maintenir dense et trouve celle-là au sein de leurs doubles là-bas aux confins du pamplemousse vieux de quinze milliards d'années. Chaque corps qui naît, ne serait-ce qu'un brin d'herbe, une mitochondrie, auraient donc leur équivalent en myriades d'étoiles et de galaxies.

Un corps sur terre a besoin pour vivre de maintenir à distance ses atomes et de rester compact tout à la fois, il aurait donc son double en densité d'étoiles pour rester compact. Une réponse s'impose, massive et sûrement fausse mais qui plaît à l'esprit : c'est nous la masse manquante. Un corps sur terre, pèse en fait des tonnes lorsque l'on calcule la mesure non pas du point de vue de la pesanteur terrestre mais de l'expansion même.

Si en effet on considère que la matière est divisible à l'infini, qu'elle se transforme en énergie à une certaine vitesse, qu'elle se maintient dense grâce à la force de gravitation, il faut alors faire entrer celle-là dans le calcul du poids réel de nos corps. Dans chaque gramme, se collecte aussi la force qui le maintient compact, mais qui est liée à l'ensemble des étoiles. Un corps, soixante mille miliards de cellules, chaque cellule, des myriades d'étoiles, chaque corps une galaxie entière, six miliards d'humains, les milliards d'animaux et plantes, des galaxies par milliards de milliards...

Une autre réponse s'impose alors : si la vie, c'est-à-dire le mouvement s'auto-différenciant jusqu'à s'organiser dans ses acides et ses amines, grandit au fur et à mesure que son double s'accentue, alors une autre vie nécessiterait un autre univers. Mais celui-ci est le nôtre au sens fort du terme. Aussi si la Terre n'est pas le centre de la galaxie, c'est qu'il n'y a pas de centre puisque c'est la vie elle-même qui est le centre...et se maintient dense par l'expansion même qui la maintient et la porte vers l'infini.

Mais peut-être qu'au dedans des trous noirs, ces cimetières d'étoiles, existe-t-il des passages vers les autres univers des autres vies ? Peut-être. En tout cas, ici, dans notre pamplemousse, c'est de notre vie qu'il s'agit, du microbe au dinosaure en passant par la folie humaine de se croire quelque chose plutôt que rien et parfois de disjoncter en espérant être le tout alors que celui-là est toujours ailleurs et surtout dans l'expansion même qui en s'élargissant semble sourire, puis rire, de cette musique dont les notes crépitent en nous et forme lumière puis pensée.

C'est du moins ce que l'on peut toujours imaginer lorsque le rêve de vie se meut du big bang jusqu'à nous. Qui nous ? Nous, la Terre.

LSO

Mai 2001.