Saillies

Bush, Kyoto et l'anti-américanisme primaire

L'aide aux pays pauvres

Sur la réforme Lang

A propos de la Chine

Danone, Marks & Spencer, la SNCF

La fascination populacière pour les gagneurs : Tapie, Berlusconi...

La misère intellectuelle de l'islamisme algérien

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Bush, Kyoto et l'anti-américanisme primaire

D'après Greenpeace, reporte Times magazine ( édition européenne du 9 avril, p 20 ) " the real issue in the end isn't the Kyoto Protocol" says Bill Hare, Climate Policy Director for Greenpeace. " It's the reduction of green-house emissions, and that is what the Bush Administration appears allergic to ".

C'est ce qu'avait déjà remarqué Olivier Forbes dans la lettre de Génération Ecologie "les bleus" de Février 2001 à propos de l'échec de la conférence de La Haye :

"La négociation échoua dans la dernière nuit de vendredi à samedi quand l’Union européenne,
présidée par Dominique Voynet refusa une ultime proposition de compromis préparée notamment par le vice-Premier ministre britannique, le travailliste John Prescott, dont l'intervention avait été décisive quelques années auparavant à Kyoto. Il semble que ce soit à nouveau la question des forêts qui scella le désaccord. Pourtant les Etats-Unis acceptaient de faire porter l'essentiel de leurs efforts sur leur territoire et de s'en tenir à un crédit forestier de 50 millions de tonnes de gaz carbonique, soit environ 1% de leur niveau d'émission de 1990, au lieu des 3% proposés par Pronk. Pour le coup c'était un bon accord !

Et c'est là que Dominique Voynet et ses collègues ont manqué du sens des responsabilités que l’enjeu réclamait. Ils n'ont vu dans cette conférence que le moyen de se faire valoir auprès de leurs militants, hostiles par principe aux Etats-Unis, et des mouvements de défense de l’environnement, partisans d’une ligne dure. Tout à l’ivresse d’un sentiment de puissance enfantin, ils n’ont pas compris que l’affaire dépassait de loin les petites querelles, opérations et déclarations auxquelles ils ont l’habitude de se livrer dans leurs pays. En réalité ils ont tout simplement oublié les pays en voie de développement et négligé que les mécanismes de développement propre pouvaient devenir un formidable outil de développement. Parce qu’ils voulaient forcer les Américains à rouler à vélo, les verts ont refusé que le monde se couvre d’éoliennes. Du coup ils risquent de n’avoir ni l’un ni l’autre. Quel incroyable aveuglement. On aimerait, au moins, que leur intransigeance renvoie à une politique européenne exemplaire, mais ce n’est pas le cas.
La Commission européenne a noté que la plupart des Etats membres ne tenaient pas leurs engagements et que la tendance actuelle, si elle se poursuivait, mènerait à une réduction de 1,5% seulement, au lieu des 8% requis, loin des 15% rêvés à Kyoto. Quant à la France de Dominique Voynet,la grève des routiers eut raison du prix du gazole et le Conseil constitutionnel de l'écotaxe.
Que restera—t—il de l’action du ministre de l'Environnement sinon le souvenir d’ une incompétence bavarde qui transformait l'or en cailloux et faisait échouer l'un après l’autre tous les projets et toutes les entreprises. "

Sans nécessairement entrer dans le détail qu'Olivier Forbes développe longuement dans cette Lettre de G.E, il semble donc bien que les réticences américaines aient quelques raisons objectives liées à leurs activités forestières. Ce qui implique qu'il ne s'agit pas seulement d'une mauvaise volonté de Bush en la matière. Et ce dernier profite de l'échec de La Haye pour revenir sur les obligations signées à Kyoto. Il est donc clair que si le compromis dont parle Forbes plus haut avait été effectif, Bush aurait plus de difficultés à revenir sur l'engagement américain comme il prétend le faire maintenant.

Par ailleurs il est temps d'admettre que la phobie antinucléaire doit revenir à de plus justes proportions. Il était d'ailleurs rafraîchissant d'entendre dernièrement les ouvriers de La Hague interpeller les anti-nucléaires pour un avoir un débat sérieux en la matière. Car s'il s'agit de lutter contre l'effet de serre, l'énergie nucléaire est la meilleure garantie sur ce point en attendant la pile à combustible et le moteur à hydrogène. De plus il semblerait que le thorium soit un candidat sérieux pour remplacer l'uranium aux déchets insolubles lors des prochaines constructions de centrales.

Mais il semble que l'irrationnel et le jeu de rôle dominent ces débats. Or s'il faut bien entendu surveiller le nucléaire et deux fois qu'une, l'opinion ne se rend pas compte que certains anti-nucléaires se servent uniquement de cette lutte comme prétexte pour lutter contre la ville, l'économie de marché et le confort qui en découlent de plus en plus pour le plus grand nombre, même s'il reste et restera, toujours, beaucoup à faire. De plus, et ce depuis les années 70, la lutte anti-nucléaire devient plus un rituel d'accès aux circuits politico-médiatiques de la petite bourgeoisie urbaine contrôlés par les pôles néo-léninistes anti-américain qu'un réel souci de penser au plus près la santé publique et la société techno-urbaine.

Voilà pourquoi Bush utilise à son profit la montée en puissance de l'anti-américanisme qui vient d'ailleurs de frapper le 10 avril en Italie sous la forme d'une bombe placée à proximité d'un institut américano-italien. Cet anti-américanisme est également agité par des régimes qui enfoncent délibérément leur pays dans la corruption et la pauvreté pendant que les gangs au pouvoir paradent dans les îles paradisiaques, le compte en banque bien garni, alimenté en sus par la Communauté internationale.

Ainsi l'Irak qui n'a de cesse de manifester contre l'Amérique et les sanctions la frappant, ne veut pas en fait leur levée selon le Cheikh Mohamad El Sabah, ministre des affaires étrangères du Koweït, interviewé par le journal Le Monde daté du 12 avril 2001 car cela créerait un " changement dont il ne maîtriserait pas les conséquences. " C'est en tout cas aussi l'avis des dirigeants arabes présent à Amman (27 et 28 mars) qui ont proposé à l'Irak de signer un document de soutien demandant la levée des sanctions à son encontre mais aussi le respect de la sécurité du Koweit. Or l'Irak a refusé de signer, préférant le statu quo et l'envoi médiatisé de volontaires contre Israël .

Les Etats-Unis deviennent donc le bouc-émissaire rêvé de tous les régimes qui tentent de faire oublier leur responsabilité dans la misère de leur propre peuple en se servant des difficultés actuelles du processus de régulation mondiale et en s'appuyant sur la poussée idéologique du mouvement d'opinion touchant les petites bourgeoisies étatistes d'Europe et une partie de la jeunesse urbaine massivement désinformée mais désireuse de montrer sa générosité et sa capacité de réformer le monde.

Il est logique d'observer une corrélation de plus en plus grande chez certains de ces régimes entre une fuite en avant dans le refus du développement, un accroissement de leur compte en banque et de la misère de leur peuple et une haine soigneusement entretenue contre les USA qui au fond profitent de leur statut de grande puissance mondiale, inégalée, pour pousser leurs pions aussi loin qu'ils le peuvent. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille dire amen. Mais qu'il est toujours possible discuter d'une autre manière avec les Américains pour leur faire entendre raison, sans nécessairement être à leur service.

Or à force de les accuser de tous les maux, on voudrait encourager Bush dans la direction autiste de la force obscure que l'on ne s'y prendrait pas autrement...

L'aide aux pays pauvres

D'après Babette Stern "repenser l'aide à l'Afrique" ( Le Monde du 7 avril ) signifie pour l'essentiel ceci à la lecture d'un rapport de la Banque Mondiale intitulé " Aide et réforme en Afrique " : " aucune aide ne peut se révéler efficace si elle ne vient pas en appui d'un programme de réforme défini et voulu par le pays lui-même. " Ce qui implique, pour les auteurs de ce rapport, le fait que "l'aide doit accompagner et non précéder les réformes".

Babette Stern pose cependant cette question inquiétante :"que faire pour les populations qui ont le malheur de vivre dans des pays qui n'entreprennent pas les réformes nécessaires et qui devraient donc voir le volume d'aide se tarir ? "

La question est cruciale et mérite que l'on y pense longuement, du moins si l'on veut vraiment proposer une piste possible de réponses. Par exemple, qu'il ne serait, peut-être, pas nécessairement idiot de réunir une sorte de Commission internationale du développement durable regroupant un certain nombre d'experts unanimement reconnus pour leur compétence et leur intégrité et dont la tache serait d'établir un diagnostic articulant des recommandations et aussi des dépositions de plainte auprès de la Cour Internationale de La Haye pour non assistance envers peuples en danger.

Mais les sanctions qui s'en suivraient ne devraient pas toucher les populations et seulement s'attacher à frapper les comptes en banque étrangers des dictateurs et autres corrompus. Il faut faire en sorte que les dirigeants des pays concernés ne puissent pas sortir de leur pays sans être passibles d'être arrêtés et leurs biens placés à l'étranger saisis.

Il est sûr que la mise au point d'un tel processus d'accusation et de salvation est plus complexe qu'une manifestation d'autant plus inutile voire néfaste contre les instances internationales qu'elle retarde au lieu d'accélérer le vaste mouvement de lutte pour la mise sur pied de nouvelles régulations.

Sur la réforme Lang

Il semble bien que la victoire de Lang contre Mélanchon (Le Monde du 6 et du 7 avril 2001) sonne le glas d'une tentative audacieuse visant non seulement à revaloriser les lycées professionnels mais à les fusionner à terme avec les lycées généralistes. Le but serait de banaliser les matières dites professionnelles en considérant qu'apprendre la plomberie, l'informatique, la cuisine, les mathématiques, le latin, la vente, ne sont pas incompatibles. Certes Lang tente de revigorer le Collège par diverses "initiations". Sauf que cela risque d'être uniquement du gadget s'il n'y a pas un réel apprentissage en entreprise, même s'il ne s'agit que de deux heures par semaine. Il faut se mettre dans le contexte socio-économique de la technique concernée pour y prendre goût. Quitte ensuite à préférer uniquement des matières abstraites ou fondamentales.

Car si le point nodal est bien d'éviter la double spirale de l'échec et de la ségrégation, véritable ADN de l'inégalité, continuer à séparer théorie et pratique, intellect et manuel, revient à reproduire ce que l'on prétend pourtant dénoncer...

A propos de la Chine

La chose la plus risible lors de l'affaire de l'avion espion américain fut de voir sur CNN un photographe chinois arriver à glisser son appareil par la fenêtre du panier à salade qui emportait quelques "protestataires", sans être inquiété. Comment croire à une telle image ? Ainsi en Chine il y aurait des photographes qui peuvent faire librement leur métier en allant prendre des photos jusqu'à l'intérieur même des camions de police sans que personne n'y trouve rien à redire...On croit rêver alors que le moindre moine tibétain, le plus petit adepte de secte religieuse,est immédiatement et violemment jeté en prison tandis que les bandes vidéo et les pellicules sont brutalement arrachées...

Quant à l'affaire même, l'édition européenne de Time magazine (16 avril, p 33) relate ainsi l'incident : " Two Chinese F-8 fighters had been tracking the plane closely, too closely, for 10 minutes. The U.S.flyers even recognized one of the pilots, Wang Wei, a notorious hotdogger who one time flew so close to an American plane that he could be seen holding up his e-mail address on a piece of paper.It was Wang's plane that clipped the EP-3E's left wing, slashed one of its four propellers into pieces and smashed off the plane's nose before spiraling into the South China Sea."

De son côté Marianne (9-15 avril, p 45) observe ceci " (...) on croit savoir que si l'EP3 américain s'est trop approché de la côte chinoise, c'est parce que, depuis début mars, de grandes manoeuvres aéroportées secrètes se déroulent à Fuzhou, Longxi, Denghai et Xingning, où les troupes chinoises sont placées en alerte maximale. Des unités d'élite multiplient les opérations interarmes pour faire face à toute éventualité. (...)"

Les dirigeants post-maoistes au pouvoir en Chine ont voulu sans doute tester la politique américaine en Asie en cherchant ainsi physiquement le contact, tout en s'appuyant sur l'actuelle campagne anti-américaine de certaines franges anti-globalisation, -(soutenue en sous-main par tout ce qui compte comme régimes réactionnaires, intégristes, et dictatoriaux)-, lorsqu'ils ont tenu un langage qui aurait pu leur plaire.

Mais il semble bien que cette recherche d'élargissement du conflit ait heureusement rencontré peu d'écho. Aussi il ne restait pas d'autres solutions que de laisser l'équipage américain rentrer, du moins si les actuels dirigeants du parti communiste au pouvoir en Chine, veulent préserver leur chance de continuer à faire de bonnes affaires.

Car il ne faut pas se leurrer. Alors que des dizaines de millions de pauvres paysans chinois font le siège des villes pour arracher quelques miettes du bonheur urbain émergeant et que des prisonniers par centaines de milliers travaillent gratuitement et durement, la néo-triade au pouvoir parade, parle même "au nom de " la Chine, dénonce le projet de bouclier anti-missile, et continue de menacer Taïwan, peuplé en majorité de non chinois et désireux de s'émanciper de toute férule étrangère. Mais il est vrai que le projet de ces nouveaux féodaux est de se perpétuer, de se transformer en dynastie oligarchique " au nom du peuple chinois ".

Le problème est en fait bien le suivant : faut-il vraiment laisser la néo-triade post-maoïste emporter le peuple chinois vers une dérive affairiste, esclavagiste, pseudo-nationaliste, semblable sur certains points, au militarisme japonais et au nazisme allemand ? Si l'on répond non il convient d'en tirer toutes les conséquences et donc de refuser l'entrée de la Chine au sein de l'OMC tant que le régime démocratique ne donne pas au peuple chinois la possibilité de s'exprimer et de choisir librement ses dirigeants.

Il faudrait même aller plus loin et pouvoir mettre en cause sa présence au sein même des instances internationales. Mais dans ce cas beaucoup de pays verraient également leurs dirigeants montrés du doigt. A moins de rendre possible une sorte de Code de bonne Conduite où chaque pays aurait un nombre donné de points et il en perdrait à chaque grosse bétise contre son propre peuple ou un peuple étranger. Ce qui induirait telle ou telle sanction touchant les comptes en Suisse des dirigeants coupables.

L'intérêt d'un tel Code ferait que tous les pays seraient concernés, y compris ceux qui pensent être l'abri d'une telle situation, y compris les USA donc, y compris la France aussi...

Danone, Marks & Spencer, la SNCF

Les dérives des deux premiers cygles sont une aubaine pour les partisans de l'union sacrée contre le "néolibéralisme" et le troisième rappelle bien les limites du service public à la française.

S'agissant de Danone et Marks & Spencer le constat est clair, mis à part la souffrance toujours insupportable : tant que les principaux syndicats des salariés français n'acceptent pas que ceux-ci soient également présents comme actionnaires, les propriétaires et leurs dirigeants font ce qu'ils veulent, néo-libéralisme ou pas. Tant que des lois générales de protection des salariés ne sont pas discutées et adoptées dans le monde entier, la volonté de puissance dérapera toujours vers le profit à court terme de la conservation négative.

Le débat est là, il est dans les limites à trouver, et non dans les fantasmes d'une destruction globale de "la machine néolibérale" comme le propose avec une inconscience constante Jean-François Kahn, et qui donnerait enfin le "véritable" capitalisme, libéralisme, économie à visage humain etc, alors que la destruction a toujours donné le pire.

Mais trouver les limites adéquates signifie d'admettre qu'il ne s'agit pas seulement dans ces deux cas de problèmes concurrentiels mais de dépendance des dirigeants aux demandes d'actionnaires qui veulent avoir des résultats supérieurs aux capacités données du marché ; ce qui est impossible comme le commente avec son excellence habituelle Paul Fabra dans sa dernière chronique ( Les Echos du 13/14 avril ), à moins de spéculer, jouer les OPA et les fusions bancales, faire du fric à toute vitesse dans ce fantastique casino ouvert en permanence qu'est devenu le système financier mondial.

Or les deux seules façons de s'en sortir, en dehors des solutions irréalistes qui ont fait leur preuve en URSS et ailleurs, est, d'une part, de peser sur les décisions en devenant soi-même actionnaire ( et les syndicats continueraient leur travail de contrôle ) comme le détaille Jacques Régniez dans son dernier livre " L'europe face aux défis de la nouvelle économie ". Et, d'autre part, il faut finir enfin de mettre sur pied au sein de l'Union Européenne et l'OMC des systèmes de régulation protégeant le salarié sans cependant étouffer l'économie.

Que dire alors de la " bulle "SNCF comme le note Favilla dans sa chronique des Echos du 11 avril ? Il ajoute ceci : " Alors que le patron de Marks & Spencer estime qu'il n'y a pas de sens à conserver une entreprise faisant 300 millions de perte pour 1,7 milliard de chiffre d'affaires, il y a belle lurette que les recettes commerciales du rail ne couvrent même pas la moitié de ses dépenses et que le trou annuel de 60 milliards, sans parler des 19 milliards pour la caisse spéciale de retraite, est comblé par le contribuable. La SNCF, c'est presque le scandale du Crédit Lyonnais tous les ans. (...). On a le sentiment de pénétrer au royaume d'Ubu quand on apprend que l'une des revendications des conducteurs de train est que leurs familles, qui voyagent gratuitement en deuxième classe, aient désormais droit à la première classe. Souci du public où es-tu ? (...) ".

Sans doute des problèmes objectifs sont toujours là comme déclencheurs, ne serait-ce qu'une mauvaise organisation des plannings qui font rouler certains conducteurs au dessus du temps autorisé faute de personnel disponible, d'un côté. Tandis que de l'autre côté, un manque évident de promotion, de formation, de dynamisation et de motivation de l'ensemble de l'entreprise, mine incontestablement la SNCF. Un Michel Blanc pourrait peut-être faire quelque chose avec sa nouvelle association " l'ami public ". Mais il est clair que nous assistons de plus en plus à une appropriation-consfication rampante d'un outil public. Ce qui n'est pas acceptable.

Mais pourquoi s'en priver pensent certains. Puisque l'Etat, donc les contribuables et la dette, sont toujours là pour payer. En fait il n'y a pas d'autre issue qu'un référendum permettant de transformer la SNCF en société anonyme comme France Télécom et Air France et d'ouvrir le marché à la concurrence. Tout en veillant à la mise sur pied d'un strict cahier des charges pour éviter les déboires anglais.

Ce qui intéresse la collectivité ce sont certes de bons transports mais aussi la rentrée de l'impôt sur les bénéfices. Car il en faudra pour financer les réformes de la justice, de l'éducation, de l'aménagement du territoire...

Tout dépend au fond ce que l'on entend par service public...

La fascination populacière pour les gagneurs : Tapie, Berlusconi...

Il y a là une admiration presque animale envers cette sorte de force brute ou primaire qui s'impose médiatiquement avec ses caprices d'enfant. Qui n'a pas connu cette secrète ambivalence entre fascination et horreur vis à vis d'elle ne peut comprendre son langage qui au fond tisse aussi autour de nous nombre de relations que l'on pensait impossible. Telles ces histoires passionnelles entre des êtres que tout pourtant séparait .

L'hypothèse de travail serait alors d'y voir autre chose que la seule image du Père ou du Désir. Mais aussi et surtout la projection mimétique d'une volonté d'être, confortablement, ce que l'on veut, en dehors des consensus et des convenances. Tel l'animal non dompté le gagneur se dévoilerait comme miroir de l'envie non avouée d'avoir ce que l'on veut en y mettant le prix, surtout s'il est fou.

Car dans cette fascination, c'est aussi le jeu avec la mort et l'interdit qui installe ses quartiers. C'est la revanche de l'instant et de sa féerie sur l'opiniatreté redondante des routines.

C'est aussi une formidable demande de reconnaissance en retour. L'accolade dans le dos et le billet pourboire sont les deux mamelles du populisme intimiste. Qui rigolerait façon corps de garde avec Jospin ou Balladur, personne bien sûr. Par contre Tapie et Berlusconi ont leur chance. Tapie en rajouterait dans les questions sur la santé de mère grand et l'avenir du môme. Berlusconi s'inquiéterait du bon placement des économies et des problèmes de voisinage tout en sirotant un bon cognac, gros cigare au bec, humant les ondes enivrantes du soir et leurs ombres à la recherche de leur spectre adéquat pour le jour. Chirac n'a pas mal donné non plus dans le genre. On voit ce qu'il reste à faire à Jospin, au lieu de passer ses nerfs sur les journalistes. Quoique...La mise au pas des médias est toujours bien vue et reste l'apanage des gros bras ou des petits comme Poutine.

Pendant ce temps la populace rêve par procuration. Et attend le pain et le cirque promis.

La misère intellectuelle de l'islamisme algérien

Un colloque sur la langue berbère devait se tenir en Algérie pour commémorer l'anniversaire du 21ème printemps berbère, le soulèvement de 1980. Des blasphémateurs méprisables ont hélas menacé de mort certains des participants vivant en France, les poussant à annuler leur participation.

Si l'on comprend bien, ces criminels prétendent non seulement justifier leur menace à la fois "au nom " du Plus Haut, ( qui lui n'a jamais tué ceux qui lui désobéissaient : par exemple Adam et Eve...), et à la fois "au nom " d'un des Livres religieux les plus prestigieux issu de la Bible et d'un des descendants d'Abraham, mais, en plus, ces infâmes exigent que tout le monde parle la même langue qu'eux. Comme si les Indonésiens devaient parler arabe littéraire, les Iraniens également, sans oublier les Pakistanais et autres Afghans, Turcs, Bosniaques... Il y a là une immondice, quelque chose d'insensé, qui, en d'autres temps auraient mérité au minimum le knout pour punir d'en avoir esquissé, même silencieusement, la pensée.

Mais est-on si sûr qu'il s'agissait des blasphémateurs et non pas plutôt des parasistes officiant du haut de la tanière qu'il leur sert d'Etat ? Non contents en effet d'envoyer leurs tueurs pour éliminer des paysans lorsque la terre est à vendre ou d'opérer des vendetta dans les familles des blasphémateurs, non contents de bourrer les urnes ( tout en faisant en sorte que les candidats d'origine berbère aux élections présidentielles fassent leur plein de voix uniquement en Kabylie et non pas à Alger où il y en a trois fois plus ), non contents donc de piller, violer, torturer, d'accroître la misère du peuple entassé à quinze dans des pièces de dix mêtre carrés, les néo-barberousses exigent donc aussi d'imposer une langue importée.

Pourquoi n'avoir pas construit une grammaire typiquement algérienne à l'arabe dialectal lors de l'indépendance ? Le berbère, en construction, se serait lui aussi affirmé plus vite. Et le français aurait pris une tournure spécifique comme c'est le cas au Québec. Trois langues un seul pays. C'était un pari audacieux mais possible. Il n'est pas trop tard pour le réussir. Comme il n'est pas trop tard pour le peuple algérien de bouter hors de sa chair ces immondes vérues.

LSO

Avril 2001.