Les trois erreurs du Trinôme Raffarin-Chirac-de Villepin

La première erreur commence au début de l'année scolaire précédente lorsqu'il a été annoncé, tout de go, la disparition de 20.000 emplois jeunes, même si elle pouvait se justifier puisqu'il ne s'agissait pas d'une suppression mais d'une fin de contrat pour des emplois judicieusement initiés par le rusé tandem Strauss-Khan-Aubry afin de gagner, sur l'emploi des jeunes et les 35 heures, les élections, anticipées, de 1997 et effectuées sous les conseils du brillant stratège de Villepin. Il aurait en effet fallu plutôt annoncer, d'entrée de jeu et non pas un an après, un débat sur l'avenir de l'éducation nationale et, surtout, réfléchir sur les problèmes budgétaires en se demandant s'il n'est pas possible de donner plus d'autonomie aux établissements scolaires pour qu'ils puissent par divers biais (comme la location hors temps d'enseignement des locaux, la création de formations pour adultes) gagner eux-mêmes l'argent que le budget ne peut pas leur fournir tels que le bonus pour les profs tuteurs, les dédoublements de certaines classes, les formations aux nouvelles technologies, l'information sur les orientations professionnelles (pour en savoir plus : cliquez ici).

La question des "moyens" si récurrente dans le débat franco-français ne trouve pas sa solution dans la compression, d'emblée, des crédits, mais dans deux stratégies convexes de contournement et de mise à plat: d'une part débat sur les finalités, d'autre part analyse objective des possibilités en démontrant aux acteurs que les conclusions auxquelles le débat aurait abouti doit chercher son financement autrement que par l'aggravation du déficit public ou de l'élévation des impôts sur le capital alors que celui-ci reste nécessaire pour financer l'emploi, du moins celui qui innove et est donc capable de résister à la spirale des délocalisations et de la montée en puissance de certains pays du "Sud". Ouvrir le "capital" de l'éducation nationale apparaîtrait au moins comme la conséquence du débat enclenché et ne pourrait pas être écarté de manière idéologique comme il a été fait jusqu'à présent y compris par le gouvernement lui-même.

Seconde tombe liée à la première: le débat sur la notion de service public n'a toujours pas lieu. Il aurait été pourtant utile à trois niveaux:
-expliquer, d'une part, que le service public doit être distingué de l'entreprise qui le rend; on peut parler dans ce cas d'obligation de service public qui peut concerner tout autant le privé s'il s'intéresse au secteur concerné (par exemple la santé demain); cette distinction permettrait par ailleurs de démontrer que s'agissant des finances publiques et de leur bonne santé nécessaire pour financer des programmes sociaux ambitieux, (comme tente de le faire Lula au Brésil avec la même incompréhension qu'en France), il vaut mieux des entreprises privées et privatisées bénéficiaires que des entreprises publiques déficitaires parce que les premières permettent par l'impôt de renflouer les finances publiques voire de les augmenter tandis que les secondes creusent le déficit et donc réduisent les crédits d'autant. C'est cela aussi qu'il s'agirait d'expliquer.
-D'autre part, ce n'est pas parce qu'une entreprise est publique qu'elle doit perdre un argent dont la destruction n'est pas justifiée par l'obligation de service public mais par la mauvaise gestion ou alors le statut même de l'entreprise qui par exemple a interdit à France Télécom d'acheter Orange en cédant des actions au lieu de payer cash des sommes astronomiques.
-Enfin, il ne sert à rien de parler de réforme de structure au sein des entreprises publiques, à l'instar de l'éducation nationale d'ailleurs, s'il n'est pas en même temps examiné l'élargissement du financement pour y arriver, ce qui implique là aussi une ouverture de capital.
Certes cela a été tenté à EDF et les salariés l'ont refusé, mais n'y avait-il pas lieu au préalable, d'une part, de discuter devant la nation de ce que celle-ci attend de ses entreprise publiques, et, d'autre part était-ce seulement aux salariés de décider ? Ne fallait-il pas organiser un référendum pour que les ciyoyens aient aussi leur mot à dire? (Pour un développement plus approfondi, cliquez ici).

Troisième tombe du caveau: comment se fait-il que MM Chirac et de Villepin n'aient pas, immédiatement, invité à Paris l'ex-nouveau premier ministre palestinien Abbas, et ce dès sa nomination, pour spécifier que la France soutient les réalistes contre les idéalistes? Que la politique des petits pas vaut mieux qu'entretenir des espoirs vains comme ce fut le cas en décembre 2000 à Paris où il fut conseillé à Arafat de ne pas entériner l'accord conclusif d'Oslo tant qu'il n'avait pas arraché encore plus, comme le retour des trois millions d'exilés au sein même d'Israël. Chirac est certes sorti de son silence depuis que Sharon menace d'expulser Arafat, mais il n'a pas bougé le petit doigt lorsque celui-ci a empêché Abbas de gouverner.

Il aurait été pourtant judicieux de proposer aux palestiniens comme aux israéliens le fait que les colonies (qui comptent pour 5% des territoires dits occupés) ne soient pas l'objet d'un tout ou rien irréaliste, surtout après 36 ans d'installations en dur avec la création d'un vrai tissu urbain, mais puissent être considérées comme une location des palestiniens aux israéliens en échange de quoi ceux-ci leur payeraient un impôt foncier et/ou un loyer, tout en permettant à tout palestinien capable d'accepter de vivre avec des israéliens de s'y installer.

Cette proposition, pas si farfelue que cela, écarterait, d'une part, le faux prétexte de certains extrémistes palestiniens pour refuser toute paix, et éviterait aux extrémistes juifs de rêver à l'hypothétique retour à l'Israël biblique. Un accord étant trouvé, les israéliens acceptant d'autre part de ne pas répliquer aux attentats islamistes, le temps que l'Autorité palestinienne les mette au pas comme il était prévu dans la "feuille de route ", nonobstant que cette dite Autorité demande l'aide internationale pour y arriver, il aurait été alors possible de demander aux israéliens de geler la construction du mur, et de recommencer à penser les échanges économiques en direction d'un futur marché commun.

Pourquoi le Quai d'Orsay ne prend pas une telle initiative au lieu de continuer objectivement à pencher du côté d'un nationalisme arabe déphasé, importé en fait ? Et d'ailleurs le cas algérien n'a-t-il pas démontré les limites de la "connaissance" du Quai en la matière et poursuivie après 1962 ?...Ne serait-ce qu'en soutenant les généraux algériens pendant des lustres dont la politique a armé les islamistes...(ne parlons pas du Rwanda, de la Côte d'ivoire...) (Pour plus d'analyses cliquez ici).

Quant à l'Irak, les historiens du futur diront, peut-être, que la menace de véto opérée par la France (et, à sa suite, la Russie et la Chine...) a conforté Saddam Hussein dans l'idée de ne rien céder, d'une part, et, que d'autre part, il n'était pas nécessairement judicieux de traîner des pieds pour faire en sorte que la Communauté internationale aide réellement à la reconstruction l'Irak au lieu de se gausser, d'un côté, de l'absence d'armes de destruction massive, (qui ont existé, les kurdes et les chiites en ont la preuve et pendant quatre ans Saddam a eu tout le temps de les déplacer ailleurs), et, de l'autre côté, de se gausser du "chaos", alors que face à la menace du troisième totalitarisme antimoderne qui se nourrit des contradictions, des manques et des appétits sans scrupules de nos sociétés techno-urbaine -(qu'un José Bové aurait raison de vilipender s'il était à même de parler le langage de la réforme plutôt que de hurler avec les loups totalitaires)-, la France aura préféré la petite politique des petites ambitions.

Mais les socialistes auraient-ils fait mieux? Vraisemblablement non. Néanmoins,lorsque l'on pense à la position de Mitterrand contre les SS20 soviétiques alors que les allemands préféraient être "rouges que morts" et à son soutien à Bush père lors de la première guerre en Irak (sous mandat onusien), les historiens du futur auraient peut-être à faire un bilan plus mitigé entre Chirac et Mitterrand: la France est-elle sortie plus forte ou plus amoindrie de leurs serres ? Les deux mon Général...(répondraient les historiens espiègles et pas nécessairement biographes de De Gaulle).

Est-ce si sûr? En politique intérieure et en particulier économique sans doute. Mais en politique internationale peut-être pas. Le premier à avoir dénoncé le terrorisme palestinien c'est Jospin pas Chirac, quand bien même le premier n'avait pas la rouerie du second en sachant qu'il faut prendre ses précautions quand on le dit courageusement en haut d'un amphi d'une université palestinienne noyautée par l'extrémisme.

Le nouvel âge antijuif, c'est sous Chirac que nous sommes en train de le voir naître en France, de même que la France qui "tombe" pour paraphraser cet historien du futur parlant déjà au présent, Nicolas Baverez. Alors? Est-ce que notre trinôme va enfin cesser de se tresser des lauriers pour s'attacher à la tâche de hisser la France au niveau des défis de l'heure, ou va-t-il continuer à nous streisser avec sa "connaissance" en "dialogue social" tout en faisant exactement le contraire, dans un grand écart qui finira bien par étaler la France.

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