Les adeptes inquiétants de la " décroissance soutenable ".

En gros et d'après " Serge Latouche", de la revue Silence, cité par Le Monde (du 21 février, p 16) " le développement durable " ne remet pas " en cause le développement existant ". Or pour "sauver la planète et assurer un futur acceptable à nos enfants, il ne faut pas seulement modérer les tendances actuelles, il faut carrément sortir du développement et de l'économisme". Mais pour éviter une "crise" le même article du Monde suggère qu'il faille penser à " une distribution différente des préférences, afin que les consommateurs choisissent des biens immatériels basés sur les relations humaines plutôt que sur les produits matériels dommageables pour l'environnement. " La décroissance matérielle sera une croissance relationnelle sociale et spirituelle ou ne sera pas." " .

J'avais eu vent de cette conception il y a quelques années lors d'un colloque organisé par l'Unesco et dans lequel y était vanté le mode de vie "frugal". Seulement le problème ici comme plus haut se résume à ce précepte simple : personne n'est obligée d'être une victime de la consommation, même si les stimuli sont forts, spécialement pour les milieux modestes, car les flambeurs et autre m'a-tu-vu sortent de tous les horizons. Vous pouvez avoir un bourgeois très riche et très radin par exemple.

Mais autant ceci est convevable autant voir un travailleur aux revenus modestes très festif apparaît, obligatoirement, comme une surcompensation de sa condition. Et un bourgeois très riche et très dépensier sera plutôt perçu comme arrogant que magnificient. Ainsi va la perception...tronquée.

Pour en revenir maintenant au fait d'orienter les préférences plutôt vers les " biens immatériels basés sur les relations humaines plutôt que sur les produits matériels dommageables pour l'environnement" les choses ne sont pas aussi simples. Prenez la voiture. J'ai cru un moment qu'il ne s'agissait que d'une ostentation, surtout en ville. Mais, en fait, et lorsque les conditions de transports collectifs se dégradent, la voiture apparaît beaucoup plus comme une alcôve, un refuge, une extension non seulement de soi mais de "chez soi" : un home sweet home, une part du monde techno-urbain que l'on peut contrôler alors que les infra/super/techno/structures semblent échapper au commun des mortels.

De plus rien n'est vraiment fait, contrairement aux apparences, pour aider à un vrai renforcement de la consommation immatérielle. Prenons un exemple basic : les clubs de sport sont taxés en TVA à 33/% alors que de plus en plus les spécialistes de la santé soulignent qu'un corps en bonne condition physique est plus apte à se défendre immunologiquement et se sent mieux psychiquement ( sans doute par création d'adrélanine et du besoin de dépense -pour les hommes- du trop plein d'énergie ). Les abonnements sont chers. Les clubs bondés car il n'y en a pas partout.

Par ailleurs les échanges culturels -du moins s'il est admis que "la" culture ne se réduit pas seulement à la visite au musée, au cinéma, la consommation passive de bouquins et autres...,-( en apparté sur ce point : dire que la culture n'est pas une marchandise est une hypocrisie sans nom : la culture, comme le monde, est aussi une marchandise et il y en a de qualité, sans parler du luxe...)- les échanges culturels sont, en fait, autant freinés en France que dans le reste du monde...accuser dans ce cas le "néolibéralisme" est facile et sur ce point encore plus faux que d'habitude...

Deux exemples dans le multimédia et la communication média traditionnelle : d'une part Internet : l'abonnement adsl est trop cher, les fournisseurs gardent tout le bénéfice alors que certains sites non marchands peuvent générer de la fréquence et devraient se voir rétrocéder une part de monnaie lorsque l'on vient se brancher chez eux ( voir mon interview à ce propos sur le site http://www.fete-internet.fr , rubrique "quotidien" sous-rubrique " portrait"...)

D'autre part pourquoi ne pas faire en sorte que les institutions, éducation nationale, mairies, organisent des concours divers et variés -ludiques et formatifs- qui inciteraient à cet échange immatériel et ce non seulement en France, mais en Europe et dans le monde entier ?

Le problème n'est alors pas tant d'imposer la " décroissance " et la " frugalité " -et la planète est bien plus riche et résistante -malgré les excès, qu'il faut sanctionner, que nos oiseaux de mauvais augure le croassent- que de penser un développement, durable en effet, qui privilégierait la qualité à la quantité en donnant un coup de pouce fiscal aux consommations préservant l'environnement physique et renforçant la santé physique et mentale...cela inciterait par exemple aussi les industries agro-alimentaires et pharmaceutiques à travailler ensemble pour nous coconcter de vrais "alicaments"...

Il n'y aurait donc pas de comportement politique répressif -sauf contre les tricheurs- mais une préférence démocratiquement choisie : on serait alors loin de la société fermée -et en fait intégriste- que certains nous préparent dans le fond de leur bergerie ; utilisant par exemple, afin de nous nourrir leur diatribe, les méandres de la faiblesse européenne à se battre pour l'affichage-étiquettage des hormones et des OGM, ce qui laisserait libre choix au consommateur...

Ne pas intervenir vigoureusement contre les tricheurs et l'hégémonisme renforce les extrémismes souverainistes et autres "frugalistes"...

En tous cas ce sont ces débats,là, qui devraient se trouver au centre de la campagne électorale française : nous en sommes loin...me semble-t-il.